14
juin
2009

Détente ou harmonisation des tensions

Soyez «Zen»!

“Détendez-vous, Soyez mois contracté, prenez le temps de vous relaxer!“ Invitations tellement familières que l’on entend et croit comprendre sans pour autant savoir comment faire.

L’idée qu’on s’en fait

Tension et contraction évoquent a priori des dynamiques opposées mais dans les deux cas, on comprend qu’il y a quelque chose à lâcher ou relâcher. La contraction insiste sur le resserrement. On réduit la longueur ou le volume en rapprochant les extrémités. On peut avoir les traits crispés, la gorge et le cœur serrés. On pense au muscle qui une fois resserré n’accepte plus d’être étiré.

La tension elle, étend en éloignant les points d’attache ou en augmentant la force d’étirement. On y sent l’effort. On tend la corde d’un arc pour augmenter sa puissance, on tend la corde d’un instrument pour le rendre vibrante, un style d’écriture peut être tendu de même qu’une relation humaine. Le nerf, initialement désignait le muscle et son tendon tels qu’on les distingue maintenant – on avait les nerfs tendus et on réagissait à la moindre pression.

Notre fonctionnement

Nous vivons de la relation et la contraction musculaire est la réponse physiologique à la pensée ou à l’émotion. Mouvement volontaire, réflexe ou réaction végétative, le système nerveux s‘exprime par la contraction. Mais le langage normal de l’action est contraction/action/relâchement.

C’est la perturbation de ce fonctionnement qui fait que l’on reste tendu.

Il ne s’agit donc pas d’abandonner la tension (mort) mais de l’ajuster. Une tension résiduelle, une contraction inutile, un état d’inquiétude, une susceptibilité, une irritabilité, une hyper réactivité,…Autant de degrés pour  décrire l’état de tension.  Comment faire? Tension et détente sont des processus intriqués qui se répondent incessamment. On n’est pas tendu ou détendu une fois pour toutes. Alors?

Se rendre compte de l’état de tension

La détente commence souvent par la prise de conscience. Car même quand on en souffre, on ne se rend pas spontanément compte de notre excès  de tension. On vit avec, on a l’habitude, c’est comme ça, tout le monde est ainsi dans ma famille,…

La prise de conscience prend ses repères dans la sensation. Il faut en faire l’expérience.Douleur, restriction d’amplitude, crispations, déformations et déviations posturales sont des signes de tension et Il faudrait y ajouter le tableau des réponses neuro végétatives qui signent l’excès de stress non résolu. douleurs articulaires, haute tension artérielle, émotivité, contractions, spasmes,…

… et se donner les moyens de l’ajuster

  • A l’écoute de la détente, on perçoit de la lourdeur et de la chaleur, des  picotements peut-être, la respiration s’approfondit et on se met à bayer.
  • Une contraction volontaire suivie de son relâchement permet de mieux identifier et savourer la décontraction.
  • Les étirements progressifs augmentent la sensation musculaire; on identifie le trajet, les points d’attache des muscles ainsi que leur action spécifique ou encore, la suite de muscles étirés dans tel ou tel geste.
  • La mémoire pour évoquer les bons moments  où l’on a respiré la détente.

Instants de bonheur, moments de félicité insouciante,… Le bonheur est tout près mais, inconscient dans l’expérience, il faut une légère distance pour en identifier le passage. Détente une fois le besoin soulagé, l’effort récompensé ou le conflit apaisé mais aussi détente de la sieste et du rire, d’une pause méditative à l’odeur  d’herbe fraîche dans les premiers soleils, jouissance de tous les petits et les grands plaisirs,…

Ce qui était tendu par le désir, l’effort ou la fatigue est détendu par la satisfaction. Soyons satisfaits!  La peur et l’insatisfaction stagnante nous crispent.

Comprendre les mécanismes

L’expérience se complète par la connaissance et la compréhension des mécanismes mis en jeu dans l’adaptation et la réponse au stress.

Face à une demande, l’organisme se mobilise pour l’action. Il met en branle la chimie propre à la réponse musculaire: activation de la respiration et redistribution de la masse sanguine, augmentation de la disponibilité en glucose,…et, en fonction des mouvements nécessaires le muscle sera plus ou moins tendu, prêt à répondre à la situation.

C’est un système interne au muscle ( le fuseau neuro musculaire et la boucle gamma) qui ajuste ce tonus pour répondre par des mouvements rapides ou lents, courts ou longs,… L’action passée, la demande satisfaite, on s’apaise et revient au régime ordinaire.

Toute situation nouvelle,  inconnue  ou reconnue comme difficile – risque d’échec, peur d’une sanction ou transgression de l’interdit-  nous inhibe. Elle  nous empêche d’agir et donc de résoudre le stress dont les effets négatifs s’accumulent et s’inscrivent «en dur» dans notre posture, notre fonctionnement et notre comportement.

Une stratégie de bien-être

Se détendre c’est aussi une philosophie du bien vivre; on cultive la satisfaction profonde, l’émerveillement et la curiosité devant le vivant.

En effet, si le système réflexe gère silencieusement les contractions propres à maintenir l’équilibre de la posture,  le conscient et le subconscient gèrent aussi la sensibilité neuro-musculaire qui influence directement le tonus musculaire de base. La disposition intérieure résonne ainsi sur la “susceptibilité” du système.

Et c’est aussi AGIR.

Agir car la détente active n’a rien du refuge dans l’indifférence ou de l’extinction du désir. Pas d’agitation et pas d’activisme mais une action ajustée en relation avec la satisfaction et la résolution de la tension. Evitement intentionnel, affrontement décidé , négociation conflictuelle ou inhibition très passagère, les stratégies de la réponse au stress sont connues, il s’agit de les mettre en oeuvre en gardant le cap de la détente qui libère l’action efficace.

Tout un programme, toute une culture où le Taichichuan joue pleinement dans l’harmonisation des tensions et le plaisir partagé.

A suivre… « l’harmonisation des tensions et la construction du corps énergétique»

Jean-Luc Perot