février
2012
Les « classiques » du Tai Chi Chuan
Des pratiquants, maîtres en la matière ont condensé leur compréhension du TaiJiQuan dans quelques textes que l’on a l’usage de nommer
les CLASSIQUES du TAI JI QUAN.
L’appellation « Classiques » est la manière chinoise d’authentifier la valeur de la pratique. En effet, les livres classiques (Jing) sont des textes fondateurs de la culture chinoise, ils sont vénérables et remontent aux temps primordiaux.
EN ce qui nous concerne, on cite : le classique du TaiJiQuan attribué Zhang SanFeng, le traité de TJQ de Wang Zong Yue et le chant des 13 postures
Mais ce n’est qu’au début du XXè qu’on été diffusés ces textes en référence à l’ancienneté et à l’authenticité d’un lignage. Ainsi parurent
1919 – TaijiQuan illustré par Chen Xin, érudit de la famille Chen
1924 – étude sur le TaiJiQuan par Sun Lu Tang
1934 – Principes et applications de TaiJiQuan par Yang ChengFu
1935 – les 40 chapitres des familles Wu et Yang.
Aujourd’hui que le TaiJiQuan a diffusé à travers le monde, que des commentaires de commentaires ont circulé, que des images et des vidéos nous inondent que nous importe ces textes ? Anciens ou récents, du nord ou du sud, d’un style ou d’un autre c’est leur capacité à nous instruire et nous questionner qui comptent.
Les mots sont insuffisants pour décrire l’expérience en mouvement, l’image insuffisant pour décrire ce qui se passe au-delà des apparences mais tous deux sont parfois capables de susciter des interrogations, de questionner notre rapport au corps et à l’esprit.
La force des bons textes est de n’être ni descriptifs ni prescriptifs.
Non » il faut faire comme cela » ou « Tiens-toi droit » mais des formules poétiques, des métaphores qui, précisément nous transportent au-delà du mot et de l’image.
Ainsi la formule fondamentale qui situe la genèse d’un monde, le départ d’une aventure. La citation n’est pas textuelle, je rends l’essentiel de ce qui m’a ému.
» Les souffles clairs et subtils montent vers le Ciel-soleil, Les souffles lourds descendent à la Terre-terre et l’harmonie naît entre-deux, au vide médian, là où vit l’Homme-nature »
La verticalité rendue par la polarité Ciel/Terre n’est pas un objet planté une fois pour toutes mais un axe à mettre perpétuellement en acte.
Chaleur et lumière fécondent, ils font tourner l’air et l’eau. La terre nourrit , l’arbre pousse, comme l’humain.
« Qui ne se plante pas ne pousse » selon une formule en usage. La croissance harmonieuse implique d’avoir les pieds sur terre et la tête au soleil.
Mais il faut encore que le courant passe du soleil vers les racines et des racines vers les feuilles. Pour cela, il s’agit d’ouvrir les portes et les pores, de lever les obstacles
et de libérer le flux des vaisseaux et canaux.
La détente consiste à lâcher les tensions qui nous brident, à déposer ce que l’on porte indûment, à laisser dissoudre et fondre les amas pour s’abandonner à l’attraction terrestre.
Laisser décanter la posture est un aspect profond de la détente qui, de la surface à la profondeur invite à relâcher les grands muscles de la motricité volontaire puis les muscles posturaux et plus profondément encore la musculature végétative, celle que l’on ne contrôle pas volontairement mais qui répond étroitement à nos états de stress et de préoccupation. Se détendre, s’accepter, s’aimer, s’ouvrir et sourire… un processus sans fin.
L’autre versant consiste à étirer, à éloigner les deux extrémités d’un même segment, à ouvrir les articulations, rouages et relais. Un tonus ajusté nous fait tenir debout, ouvert et grandi.
Ouvrir et fermer, s’intérioriser et s’extérioriser, imprimer et s’exprimer, inspirer et expirer. Dans tous les aspects de la vie, l’esprit est capable de discerner des forces qui se répondent, qui font couple, concourent et coopèrent. La dynamique yin/yang crée la relation et, là où l’esprit la met en oeuvre, là vient l’énergie, la sensation et le dynamisme.
Voici condensé, par la vibration d’une phrase, l’essentiel des Classiques en rapport avec la posture et son vécu : Rectitude et alignement, Détente et étirement, yin/Yang et communication. L’esprit est aux commandes, l’énergie s’active et s’exprime par le corps.