21
avril
2014

Du style et des figures enTai Chi Chuan

 

Quand on parle Tai Chi Chuan en français, on parle FORME et de style  en référence à la pratique en solo.

On entend que le pratiquant met en forme et donne corps aux principes abstraits qui inspirent le TJQ : Verticalité entre Ciel et Terre, détente et enracinement, fluidité de l’intention au geste…

Dans le dictionnaire historique de la langue française j’ai trouvé le mot FIGURE pour dire la forme, l’aspect, l’allure et le comportement.

Le latin fingere parlait de modeler l’argile pour représenter d’où la figurine qui montre et permet de se figurer.

Le sens s’est élargi vers le dessin, le portrait puis la représentation graphique d’un signe pour donner forme à une abstraction.

Ainsi des chiffres ou de l’écriture mais aussi d’une suite programmée de gestes comme le sont les FIGURES de la danse ou les figures imposées du patinage artistique.

 

Dans nos chorégraphies, on retrouvent toujours des séquences telles que «la queue de l’oiseau, brosser les genoux ou les mains-nuages que j’appellerais volontiers les FIGURES du TJQ.

Nous pratiquons donc un ART FIGURATIF qui donne à voir par des formes et des mouvements.

 

Dans l’art de la rhétorique, on emploie des FIGURES DE STYLE  qui permettent un écart par rapport au sens initial ou à l’étymologie.

elles nous transportent vers un autre niveau de compréhension passant du sens littéral au sens FIGURE.

Et voici que l’on saute du formel à l’informel pour aller au-delà de la matérialité du geste.

Le STYLE caractérise l’individu qui se met debout (le grec stulos = colonne) et s’exprime avec une présence qui lui est propre : Son corps parle avec un rythme, un tempo, des cadences et un flux particulier.  On pourrait dire qu’il a son écriture, sa GRAPHIE propre ( stilus = le stylet pour graver et écrire).

Parler de CHOREGRAPHIE prend alors plus de sens pour évoquer la danse TaiChi qui trace ses gestes dans l’espace en jouant de tensions variables

( danser et tendre se rejoignent étymologiquement).

L’artiste martial construit son oeuvre, il est en même temps matière première, outil et oeuvre, il reçoit l’information de ses prédécesseurs et la partage avec ses pairs.

La maîtrise vient avec le temps et l’appellation maître ne vient que de la reconnaissance de ceux qu’il inspire.

Peaufiner sa chorégraphie, jouer des figures et des formes, les charger des principes fondamentaux, leur donner du sens  aide à trouver et à affiner l’accord entre le style du geste et le style de vie.

UNE VIE D’ARTISTE OÙ L’AUTHENTICITE NE VIENT QUE EN S’ENTRAÎNANT.

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