mai
2014
Aux Ateliers de LA MAIN FRANCHE, le QIGong parle français
Dans la sphère des pratiques TaiChiChuan et Chi Cong, j’éprouve aujourd’hui une réticence à l’emploi des termes chinois.
Dans mes trente cinq ans de pratique, j’ai essayé d’apprendre le chinois, j’ai lu diverses traductions autorisées, j’ai étudié l’approche médicale traditionnelle où j’ai fréquenté chinois et sinologues.
Depuis la lecture de l’art chinois de l’écriture , il y a une quinzaine d’années, les réflexions de *Jean François Billeter m’invitent à puiser dans ma langue maternelle pour retrouver le contexte où faire résonner la puissance évocatrice des images et des concepts chinois anciens.
Ne plus « faire « du ChiCong mais être dans une culture énergétique, en quelque sorte.
premier temps – août 2013
Energie, souffle, dynamisme, ambiance …le Qi ne tient en place
en tous cas pas dans le territoire défini d’un unique mot français.
C’est qu’il est changeant par nature, comme le temps, comme l’air ou l’humeur, il se transforme; c’est bien là sa spécificité.
L’étude des caractères ouvre sur la bio-logique, la vie « entre ciel et terre » où la puissance solaire mobilise des masses d’air et d’eau
qui s’échangent en souffles et vents, vapeurs et pluies pour animer la terre. (Voir Wieger, leçon étymologique 98.)
L’humain est concerné par nature, sa présence, sa cuisine et ses souffles participent du Qi.
Tout est Qi, de la matérialité à la subtilité, car ce qui n’a pas de forme particulière se prête à toutes les formes et toutes les applications.
Le Qi connaît des états, des changements d’états et des mouvements que l’on peut décrire en yin/yang quand on choisit ce langage.
En intimité avec la vie, il signe la vitalité et la vivacité.
Le Qi Gong ou la culture du Qi.
Tout un projet ! Cultiver la vitalité, prendre soin de ce qui nous rend vivant et s’exprime dans l’émergence d’une personnalité et d’un projet.
La sagesse antique invite à «suivre le Dao», à adhérer au mouvement de la vie sans nager à contre-courant.
Mais encore ? Suivre le naturel voilà qui est bien étrange pour l’homme façonné par une culture.
C’est que ce naturel se cultive lui-aussi, il se retrouve par l’exercice de l’esprit, la méditation et la pratique artistique.
C’est une provocation – Cultiver le naturel lors même que l’on est immergé dans toutes nos contraintes actuelles.
Faire corps avec la vie invite à partir du corps dans la conscience de cette pleine adhésion.
Comment passer de la confusion initiale à la présence harmonieuse?
Par un double mouvement d’écart et de retour.
L’écart par un processus de distinction et de conscience de soi,
le retour par un processus spirituel d’adhésion à la vie et au monde.
Accéder à l’individualité en mode personnel et à la participation en mode collectif.
Assumer la nécessité pour trouver la liberté.
On peut alors aborder au bonheur simple d’être. Ici et là à la fois, en soi et avec le monde, pour soi, dans et par le monde.
* L’art chinois de l’écriture chez Skira et Leçons sur Tchouang-Tseu et autres publications aux éditions Allia