20
mars
2015

à propos d’harmonie yin / Yang

La pratique du TaiJiQuan valorise la recherche d’harmonie.

Harmonisation de la personnalité, intégration dans la société des hommes et dans l’environnement naturel et culturel par l’exercice de l’esprit, du corps et du souffle.

Le terme harmonie n’évoque pas simplement le bon assortiment des couleurs ou des sons, sa vibration ouvre des implications plus fondamentales.

Laissons d’abord résonner les mots construits avec le radical °ar, °er, °r  :

L’ART

l’artiste et son talent créatif  associe de manière inédite ses « objets » pour  faire de la musique, de la danse, du dessin, des films, des mets et des mots…

L’artisan et son savoir-faire avec la méthode de ceux qui mettent la main à la pâte.

In-ars = inerte, inhabile à, sans capacité, sans énergie.

 

L’article

artus, le noeud d’une pousse, la jointure, les membres et plus spécialements les orteils (les artiches et les arpions ),

les parties numérotées d’un texte, l’article premier et, dans le registre du temps, le moment, à l’article de la mort.

ARTiculation

avec l’idée de relier les choses les unes aux autres pour leur bon fonctionnement.

ARme

armus – l’épaule, le bras d’où l’anglais arm . Les armes, initialement armure, casque, genouillère..s’ajustent adéquatement au corps.

Arithmétique

qui traite des nombres, des parties et  distingue les unités pour calculer les opérations de base.

Rite

Rtam en sanscrit et ritus en latin pour la notion d’action rituelle qui organise l’espace et le temps, la conscience et le groupe.

Rythme

parle de l’écoulement temporel, du temps qui passe et se mesure dans le mouvement, les mouvements successifs.

De tout cela, me semble émerger l’idée de l’organisation fonctionnelle d’un système complexe. Complexe  c’est à dire composé d’un ensemble de plusieurs éléments en relations intriquées. Pour que cela fonctionne, Il importe que toutes les parties s’adaptent les unes aux autres, que les emboîtement soient congruents et le mouvement fluide.

Immergé dans la  complexité  vivante, on s’adapte, porté par le flux, on suit le mouvement global.

L’intelligence du mouvement invite à distinguer les différents composants de l’ensemble,  à clarifier leurs rapports, sentant ce qui les distingue  et ce qui les oppose puis ce qui les rassemble et enfin à savourer l’effet obtenu par leur conjonction.

C’est le propre de la lecture yin/yang qui distingue des oppositions dynamiques dans l’apparente unité des phénomènes alors même qu’elle fait pressentir l’unité globale derrière les apparentes contradictions.

Ainsi, l’art de TaiJiQuan, l’art martial fait de nous des artistes càd des gens qui cultivent un savoir-être et un savoir-faire face à la complexité de la vie et ce d’une manière personnelle, originale. Cette originalité n’a pas à voir avec l’égoïsme du propriétaire ou du consommateurs mais avec le désir d’authenticité de celui qui veut  assumer sa spécificité ( personne d’autre n’a été, n’est, ni ne  sera identique).

Originalité qui n’a pas non plus à voir avec le souci de se faire remarquer, de se différencier par un quelconque artifice mais bien de prendre la responsabilité de son identité dans la société des hommes .

La quête d’harmonie s’appuie sur le besoin de sonner juste dans le concert des vivants;  c’est un voyage entre amour, connaissance de soi et invention de soi, entre conscience de soi et identité en devenir.

L’éthique  c’est-à-dire de manière très concrète, l’ensemble de fins et de principes qui dirigent mon existence, invite à  sortir de l’anonymat pour entrer dans la subjectivité assumée et s’inscrire dans la nature et dans la culture. C’est une écologie, une logique qui intègre harmonieusement le sujet, le citoyen et la terre.

Gageons que l’exercice  taiJiQuan gagne en humanité dans cette vision de l’art et de l’harmonie.