janvier
2021
4è temps de mes mots du Taichichuan
Voici le lien viméo
et le texte du 13 janvier 2021
L’allure
On parle peu au cours de TJQ, je propose des images, des mots et des phrases pour accompagner le mouvement pendant la pratique mais on n’a pas le temps d’en discuter.
Avec les vidéos j’essaye de maintenir la motivation malgré l’interdiction de pratique en commun. S’exercer seul est une invitation très dépendante du désir de chacun de mettre en oeuvre ce qui l’a touché.
Alors, je me propose de clarifier mes mots, de faire entendre ce que je sens derrière ce que je dis .
Après les effets physiologiques du redressement et le jeu du souffle, l’allure nous invite à parler du mouvement dans l’espace, cette fois.
On l’a vu, le souffle donne l’énergie et l’énergie nous donne de l’allant. Qui peut, veut ! (non l’inverse, sans énergie on a beau vouloir, ça ne marche pas )
Bien sûr l’intention prime, l’idée et l’envie fondent le geste. Je n’envisage pas ici les mouvements réflexes et les conduites instinctives où des contraintes subconscientes poussent à l’action, à la fuite, à l’agression ou au contrainte, nous figent en inhibition.
DONC,
En avant, marche !
a. mais d’abord s’arrêter.
Pour commencer il convient de se poser, d’occuper la place “en conscience” en intégrant l’espace alentour.
b. Faire le point.
Chaque lieu par sa géométrie, son décor et son ambiance nous invite à prendre la mesure du moment.
On connait notre protocole : Arriver, s’arrêter, se poser et s’établir dans la verticale soleil/terre.
Vient alors la prise de repères. l’espace alentour s’organise selon des références cardinales et diagonales.
c. Vient ensuite l’orientation
– on se tourne vers ce qui nous importe, on donne du sens aux directions. Il y a un avant et un arrière, une gauche et une droite mais quoi qu’on fasse, on “va de l’avant”.
– L’orientation est d’abord mentale, on l’appelle volontiers l’orientation du coeur. Tu es ta propre boussole.. Que choisis-tu, vers quoi diriges-tu tes efforts.
– Elle est physique ensuite, les repères spatiaux forment le cadre de nos déplacements.
d. On prend la mesure de l’espace
- le pivot – tours et détours. Notre point de chute est un point pivot qui nous fera découvrir les directions en tournant sur place comme une girouette. 4 quarts de tour pour l’angle droit ou 8 huitièmes pour les obliques à 45°
2. le pas – Arpenter l’espace
question de pieds, de poids et de pas pour
avancer, reculer et se déplacer latéralement.
2 modes majeurs : la propulsion en prenant appui sur le sol pour se projeter et sauter d’un appui sur l’autre ou l’immersion en se laissant couler dans le creux de la vague pour émerger dans l’autre appui.
Le point de départ central pourra nous faire rayonner dans des allers-retours centre/périphérie; on trace des lignes droites.
ET avec la ligne vient le plan où une figure géométrique de base, le triangle nous fera découvrir le losange, le carré ou l’hexagone quand d’autres combinaisons feront l’octogone (2×4) ou le dodécagone (3×4, 2×6, 4×3).
le pentagone nous ouvrira l’étoile à 5 branches.
Bref ces différents schémas géométrique nous ferons découvrir les variations des angles d’ouverture /fermeture pour écrire sur le sol des chemins inédits.
Mais, en même temps, s’ouvre un autre espace que l’on dit topologique.
Notre présence organise le lieu en un champ traversé par des forces qui nous relient à tous ses points. Dans cette logique, on n’est plus seul, isolé mais partie prenante d’un espace continu. Il suffit de penser un endroit pour sentir sa présence – proche ou lointain, en accès direct ou contourné, ouvert ou fermé, il nous englobe ou nous l’englobons.
C’est le point de départ, et si la ligne droite nous est assez spontanée pour aller d’un point à l’autre, la ligne courbe est à apprivoiser.
Cercle et carré coexistent et, face à l’adversaire, les placements/déplacements sont la clef pour gérer l’agression par la douceur et la souplesse comme le propose le taijiquan.
Les pas suivent l’intention, ils portent le corps, le geste et la main là où il sont efficaces.
Ici, l’allure nous met en marche mais, ce n’est pas tout de bouger, il y a la manière, il faut du style.
Ainsi des allures du cheval qui marche au pas, trotte ou galope, ainsi des allures d’un voilier lorsqu’il a du vent dans les voiles.
Quelle allure, quelle prestance !
L’allure implique aussi les régimes du moteur. Moteur physique et psychique qui qualifie les régimes de notre activité. On tourne à plein, moyen ou petit régime.
- Alors vient le rythme.
“ De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l’Impair
Plus vague et plus soluble dans l’air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.”
Verlaine
La levée du pied et sa pose sont comme un métronome; une alternance de stabilité/instabilité : l’un et l’autre, l’un puis l’autre, l’un pour l’autre, l’un si l’autre… les changements d’appui se répondent à vitesse variable avec des accents, des temps forts et des suspens qui font comme des lignes d’écriture.
“Liberté sur un pied”
On dit en taijiquan que sur 2 pieds, on est stable mais empoté, manière de dire que l’appui préférentiel sur un des deux pieds donne de la mobilité, il permet de changements d’appui.
Changer d’appui, c’est changer de place, imperceptiblement ou évidement et donc, changer de points de vue. Décalé à gauche ou à droite, plus proche en avant ou reculé en arrière.
En TJQ, on rappelle que la règle des pieds est essentielle qu’il faut savoir régler ses pas.
En effet, la pose du pied conditionne la stabilité et donc la liberté.
L’appui plain ou partiel, l’écart latéral et sagittal, l’orientation de l’axe talon – 2è orteil …autant de détails qui comptent pour l’efficacité du geste dont nous reparlerons dans une prochaine étape.