24
février
2017

Les ROUAGES énergétiques.

Les rouages énergétiques.

Le caractère mobile, fluide, continu et intégré du « geste Taichi  » nous parle de circulation d’énergies.

Circuler évoque précisément les trajets circulaires, les lignes courbes et les temps cycliques.

Le cercle est le modèle TaiChi, il résonne dans les 3 plans de l’espace euclidien et la sphère synthétise le thème.

Dès lors, il sera question de boule qui roule, d’enroulements et de déroulements; il sera question de roue qui tourne, de centre et de moyeu pour des rotations, de tours et des détours ; d’axe pivot et de torsion pour des rotations différenciées.

L’harmonie de l’ensemble implique de repérer et libérer les points charnières articulant le geste.

 

Passes, portes, pivots, barrières, chacras…

L’ARticulation permet un ajustement, une adaptation réciproque de différents éléments.

HARmoniser, ARticuler, Rythmer et Ritualiser participent de cette faculté adaptative, il vibrent tous sur la même racine étymologique.

On articule des segments, des moments et des temps, des pensées et des hommes qui s’adaptent en permanence à la vie.

Cette adaptation réciproque se retrouve bien sûr dans les articulations entre les segments osseux mais aussi dans le glissement des viscères ou dans les mouvements cellulaires et, au sens large, dans tous rouages qui font tourner la machine.

La tradition indienne nous a légué la notion de Chakra pour qualifier cette fonction  glissant du mécanique à l’énergétique, du physique au psychique, de l’action à l’esprit.

La tradition chinoise parle de barrières, de passes, de portes et de pivots par où passe le flux,

elle situe des lieux et les met en image dans un paysage.

Le corps s’organise entre terres et mers où se précisent des champs d’exercice, des lieux où l’on se cultive et s’affine.

3 lieux sont privilégiés : – le creuset pelvien – le coffret thoracique et le berceau crânien

ils sont en continuité c’est à dire :

–  le ventre et le bassin jusqu’aux pieds

– le torse avec les poumons et le coeur, le diaphragme faisant distinction et continuité

– le port de tête, cerveau et regard, l’entrée thoracique faisant distinction et continuité par la nuque.

C’est la libre circulation des souffles et des énergies qui fera le geste élégant et l’agir efficace.

L’usage le plus fréquent propose une lecture en 7  rouages (chacras) pour organiser mouvements et cheminement intérieur.

Du fond vers le sommet : Le cul, l’ombilic, le creux de l’estomac, le milieu de la poitrine, le passage resserré de la gorge, la glabelle et la couronne.

Ces repères ne sont pas sans résonance avec des centres nerveux (noyaux et  plexus neurovégétatifs ) et l’on pourrait en proposer une lecture neuro-anatomique mais le langage usuel convient mieux à notre propos.

Voici comment je les situe dans ma pratique.

  1. En bas, l’assise, l’assiette : Le bon fond donne du culot ! 

Là se gère l’enracinement à la terre pour une stabilité physique et émotionnelle mais aussi la plongée dans nos racines identitaires

– le genre, masculin ou féminin

– la génération dans l’ascendance et la descendance,

– la sexualité dans la conjugaison amoureuse

– le terroir, naissance et ancrage dans la culture.

L’appui du pied se prolonge dans les jambes jusqu’à l’articulation coxo-fémorale.

Le hamac pelvien est comme une toile de trampoline tendue entre pubis, coccyx et ischions.

Dans la pensée médicale chinoise antique, c’est du fond que jaillit la puissance vitale tel un geyser (ChongMai). Assumer ses racines, avoir les pieds sur terre, ne pas avoir le cul entre deux chaises  donne de l’aplomb et du culot.

2. L’ombilic et le creux des reins – De la tenue !

– Au creux de reins est la porte – Men – par où on est appelé dans l’existence – Ming -. On sort dans la vie, il importe que cette porte reste largement ouverte, que la cambrure lombaire ne soit pas une serrure, ni rouillée ni verrouillée.

L’ombilic est au centre du plan d’organisation de l’embryon ; il forme le nœud qui ferme la panse et marque la séparation d’avec le placenta et la mère. « Avoir du cœur au ventre, avoir des tripes, avoir quelque chose dans le ventre » font écho à  l’individuation et au possible accès à l’autonomie.

La ceinture est garante de l’adossement lombaire et de la cohésion haut/bas. Dans le développement embryonnaire précoce deux courants des cellules s’opposent en haut/bas, les unes coulent vers la tête tandis que  les autres coulent vers le sacrum.

Les reins solides témoignent de la force de celui qui est bien tenu à la taille et se porte bien.

3. Le creux de l’estomac et le diaphragme – la soufflerie !

– zone intermédiaire où le soufflet diaphragmatique, pompe aspirante et refoulante  active l’aspire, l’inspire et l’expire, cela spire et re-spire, brassant les énergies du souffle et du sang, diffusion artérielle et retour veineux.

La dynamique pneumatique (gonflé/dégonflé)  comble l’apparente  coupure à la taille, contient l’expansion du ventre et répond de l’animation  centre/périphérie.

Cette région est un passage

– vers le bas car quand cela ne passe pas bien, ça nous reste sur l’estomac ou sur le cœur; on n’arrive pas à digérer les choses, la respiration reste superficielle.

– vers le haut pour la montée du sang et des souffles purs, la clarté d’esprit, la sonorité de la voix et le rayonnement.

4. Le torse, le thorax et le dos, la poitrine – Quel coffre !

Usuellement désigné comme le lieu du cœur et du sentiment, la cage thoracique est ajourée, les barreaux sont mobiles et permettent l’expansion du cœur et des poumons. Le torse peut former un rempart et le dos peut se faire gros pour encaisser les coups.

Mais souvent la cage se fait prison et l’on vit à l’étroit, enfermé, le cœur serré et la poitrine affaisée.

 

5. L’ouverture vers le haut – à gorge déployée !

La ceinture scapulaire, la gorge, le col et la mâchoire inférieure .

Entrée ou sortie, le passage est étroit est gardé, il contrôle les sorties et règle les entrées.

– A l’aisselle, liée au déploiement des ailes, des bras qui accueillent ou se ferment, enlacent ou libèrent et des mains pour donner et prendre .

– A la gorge, le défilé  livre passage  au souffle et au sang, au son, à la parole et au chant. il importe que la nuque soit souple et mobile, redressée et non tassée.

6. L’oeil et l’oreille et le pouvoir unificateur du cerveau pré-frontal – Quel toupet !

qui distingue, analyse et rend cohérent. Le plan vestibien ( plan du canal semi-circulaire horizontal de l’oreille interne)  équilibré dans un port de tête dégagé assure la meilleure acuité sensorielle.

g. Le sommet subsume l’ensemble, on est complété et connecté – ici et au-delà !

Au-delà du crâne s’ouvre l’intelligence de l’intégration de soi à l’aventure universelle qui dépasse la portée de nos sens.

Soi, l’autre, la société, la planète, le cosmos…

Ainsi le symbolisme global de l’Homme entre Ciel et Terre trouve des spécifications au différents étages de la posture debout.

Mieux vaut belle stature que mauvaise posture !

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