9
novembre
2015

novembre 2015 – Encore etToujours à propos du Chi ( Qi)

Théorie, pratique et sensibilité.

Dans ce champ d’investigation TaiJiQuan – QiGong,  je butte toujours sur ce même problème : des mots exotiques et étranges qui ne trouvent du sens que dans l’expérience.

On cherche des traductions, des allusions, des images ou  des périphrases savantes mais au-delà, seule l’expérience ouvre sur l’intégration.

Ainsi du Qi : Energie, souffle, dynamisme ? Le Chi ne tient pas en place et en tous cas, il ne tient pas en un unique mot français.

Il est changeant, par nature, comme le temps, l’air ou l’humeur. Il varie et se transforme. C’est bien là sa spécificité.

Les caractères chinois ouvrent sur la bio-logique, la logique du vivant entre « Ciel et Terre » où la puisance solaire mobilise les masses d’air et d’eau qui s’échangent en souffles et vents, vapeurs et pluies pour animer la terre. ( Dictionnaire Wieger, leçon étymologique 98 ). Jusqu’ici, on ressent et comprend.

L’humain est au centre, en plein milieu, en plein dedans.

Terrien bien au chaud à l’abri de son soleil, il consomme et transforme tout ce qu’il touche par le geste et la pensée.

Sans forme particulière l’énergie se prête à toutes les formes et à tous les usages.

Subtile ou grossière, elle est et fait la vie.

Naissances, changements, mutations et morts s’y retrouvent, vitalité et vivacité aussi. Cela s’apprend, s’écoute et se cultive.

La culture du bien-vivre sous l’angle énergétique.

C’est une philosophie c’est à dire une pratique, amoureuse de la vie et de l’existence heureuse.

Le regard énergétique  voit l’immanence des choses, il s’intéresse aux dynamismes, aux forces et au plaisir partagé dans la simplicité de ce qui est.

Prendre soin de ce qui nous rend vivant, éviter ce qui nuit et entrer  dans l’expérience d’une individualité  aimante, .

Bien dit ! mais comment s’y prendre ?

Le  grand livre du Dao, version chinoise classique,  invite à accompagner le mouvement, à suivre  le naturel .  Mais encore ?

Ce naturel ne semble  pas spontané chez l’homme. Nous sommes pourtant tous naturels aux même titre que les pierres, les herbes et les bêtes .

Cette participation consciente s’éveille dans l’intériorisation méditative comme dans  la conscience artistique. «  Sois le sculpteur de ta vie ».

L’ exercice est poétique qui joue de la conscience d’être avec, distant mais non séparé de l’arbre, de la goutte d’eau, du vent, des bactéries ou des êtres.

Pratique récréative qui invite d’abord à sentir et à ressentir.

Ainsi du jeu des animaux – ours, tigre, grue, tortue… – invite à se sentir et à bouger « comme si  on était… tigre ou oiseau », la posture végétale résonne avec l’arbre ou la pousse d’herbe…

Ce dynamisme mobilise l’observation, la mémoire, l’imagination, la sensibilité et le corps.

Entrer en résonance avec  l’énergie permet de lever les croyances qui nous résument à ce que l’on croit devoir être .

Faire corps c’est à dire résonner  par  » l’ensemble de nos facultés, de nos forces et de nos possibilités connues et inconnues » ( J-F Billeter in Notes sur Chouang Tseu)

avec la vie organique, celle  du corps donc de l’esprit et jouir de la pleine conscience de cette  adhésion.

C’est un art et un choix, un choix existentiel et un art de vivre  !

 

 

20
mars
2015

à propos d’harmonie yin / Yang

La pratique du TaiJiQuan valorise la recherche d’harmonie.

Harmonisation de la personnalité, intégration dans la société des hommes et dans l’environnement naturel et culturel par l’exercice de l’esprit, du corps et du souffle.

Le terme harmonie n’évoque pas simplement le bon assortiment des couleurs ou des sons, sa vibration ouvre des implications plus fondamentales.

Laissons d’abord résonner les mots construits avec le radical °ar, °er, °r  :

L’ART

l’artiste et son talent créatif  associe de manière inédite ses « objets » pour  faire de la musique, de la danse, du dessin, des films, des mets et des mots…

L’artisan et son savoir-faire avec la méthode de ceux qui mettent la main à la pâte.

In-ars = inerte, inhabile à, sans capacité, sans énergie.

 

L’article

artus, le noeud d’une pousse, la jointure, les membres et plus spécialements les orteils (les artiches et les arpions ),

les parties numérotées d’un texte, l’article premier et, dans le registre du temps, le moment, à l’article de la mort.

ARTiculation

avec l’idée de relier les choses les unes aux autres pour leur bon fonctionnement.

ARme

armus – l’épaule, le bras d’où l’anglais arm . Les armes, initialement armure, casque, genouillère..s’ajustent adéquatement au corps.

Arithmétique

qui traite des nombres, des parties et  distingue les unités pour calculer les opérations de base.

Rite

Rtam en sanscrit et ritus en latin pour la notion d’action rituelle qui organise l’espace et le temps, la conscience et le groupe.

Rythme

parle de l’écoulement temporel, du temps qui passe et se mesure dans le mouvement, les mouvements successifs.

De tout cela, me semble émerger l’idée de l’organisation fonctionnelle d’un système complexe. Complexe  c’est à dire composé d’un ensemble de plusieurs éléments en relations intriquées. Pour que cela fonctionne, Il importe que toutes les parties s’adaptent les unes aux autres, que les emboîtement soient congruents et le mouvement fluide.

Immergé dans la  complexité  vivante, on s’adapte, porté par le flux, on suit le mouvement global.

L’intelligence du mouvement invite à distinguer les différents composants de l’ensemble,  à clarifier leurs rapports, sentant ce qui les distingue  et ce qui les oppose puis ce qui les rassemble et enfin à savourer l’effet obtenu par leur conjonction.

C’est le propre de la lecture yin/yang qui distingue des oppositions dynamiques dans l’apparente unité des phénomènes alors même qu’elle fait pressentir l’unité globale derrière les apparentes contradictions.

Ainsi, l’art de TaiJiQuan, l’art martial fait de nous des artistes càd des gens qui cultivent un savoir-être et un savoir-faire face à la complexité de la vie et ce d’une manière personnelle, originale. Cette originalité n’a pas à voir avec l’égoïsme du propriétaire ou du consommateurs mais avec le désir d’authenticité de celui qui veut  assumer sa spécificité ( personne d’autre n’a été, n’est, ni ne  sera identique).

Originalité qui n’a pas non plus à voir avec le souci de se faire remarquer, de se différencier par un quelconque artifice mais bien de prendre la responsabilité de son identité dans la société des hommes .

La quête d’harmonie s’appuie sur le besoin de sonner juste dans le concert des vivants;  c’est un voyage entre amour, connaissance de soi et invention de soi, entre conscience de soi et identité en devenir.

L’éthique  c’est-à-dire de manière très concrète, l’ensemble de fins et de principes qui dirigent mon existence, invite à  sortir de l’anonymat pour entrer dans la subjectivité assumée et s’inscrire dans la nature et dans la culture. C’est une écologie, une logique qui intègre harmonieusement le sujet, le citoyen et la terre.

Gageons que l’exercice  taiJiQuan gagne en humanité dans cette vision de l’art et de l’harmonie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

9
février
2015

Corps visible / corps invisible

 

 

Apparent / caché , visible / invisible, explicite / implicite.

Encore une variation Yin/Yang dans l’univers TaiChi.

C’est simple – ce que l’on voit est en relation intime avec ce que l’on ne voit pas.

Ainsi du corps, du geste et du comportement, on ne voit pas tout ce qui est caché dedans !

 

En route vers l’invisible !

TOUT COMMENCE AVEC TOI, LE CORPS EST PREMIER, il est au départ de l’exercice.

Dans ce sens, le corps ne se limite à la compréhension usuelle, il est l’ensemble de nos facultés, de nos possibilités et de nos ressources, celles que l’on sait comme celles qu’on ne sait pas.*

On est visible dans une manière d’être là, une présence dont le corps témoigne.

 

Celui que l’on voit agir, bouger ou se tenir tranquille est animé par des forces invisibles.

Dans cette perspective, l’exercice conscient devient un choix, celui d’une auto-éducation pour repenser les habitudes et les croyances dont nous sommes faits et installer un mode de comportement plus en accord avec ce que l’on aime et choisit.

 

Apparent / caché , visible / invisible, explicite / implicite.

Voici quelques repères

Sous la peau, le squelette.

La charpente osseuse, solide, vivante nous ancre dans la matière.

Sa structure, l’ensemble des éléments qui la compose est ordonné en fonction des forces et des charges qu’elle porte ou contient.

– Allongé au sol, on s’abandonne à la pesanteur, la charpente n’a rien à porter, elle repose.

-Debout, elle doit s’aligner dans la verticale pour tenir, des pieds à la tête.

C’est un acte de résistance et un exercice minutieux qui invite à la fois à l’abandon et à la tenue.

Entre le poids qui chute et la beauté qui tend vers la lumière on oscille autour d’une fugitive stabilité.

-En mouvement, elle cherche des appuis pour les forces qui la mobilise.

Cela met en évidence des zones clés : les pieds et le bassin, la colonne vertébrale et le port de tête qui forment les repères osseux du mouvement Taichi.

 

Au plus intime, la pensée.

L’esprit, la pensée, l’intention, le propos, l’idée… le système nerveux véhicule ses informations dans tout l’organisme.

Cela se traduit toujours, en fin de compte en contractions/ décontractions, mise en tension/détente pour ouvrir ou fermer, tenir ou lâcher…

  • Les muscles squelettiques mettent la pensée volontaire en acte quand, hors conscience, la musculature profonde ajuste le tonus postural
  • et que le système nerveux autonome maintient la stabilité du milieu intérieur qui permet la pensée.

Ainsi l’esprit s’enracine dans des dynamismes cachés en profondeur pour rayonner en pensées et gestes.

 

Entre les deux, le souffle régulateur

Le diaphragme s’active, il s’abaisse et appelle l’air, les poumons se gonflent puis se détendent- l’air rentre et sort.

Le mélange au sang et diffuse partout pour nourrir et nettoyer bref vivifier toutes les cellules.

 

Dans ce ternaire – Pensée – Souffle – Geste,  les forces internes se conjuguent.

L’intention mobilise, elle suscite l’énergie dans les cellules et allume des circuits neuro-musculaires en réponse aux sollicitations internes et externes.

Moteur médian, le souffle assure la cohérence entre le haut et bas, il ceinture et  gère la diffusion de l’énergie dans tout l’organisme.

Les forces prennent appui dans l’os, au sol et au fond du bassin, elles se propagent en suivant l’axe vertébral et fleurissent dans le geste, le regard et la parole.

Quand l’os est l’ancrage de l’esprit et le lieu du souffle,  intérieur et extérieur restent en harmonie.

 

* voir J-F Billeter in leçons sur Tchouang tseu chez Allia.

 

28
novembre
2014

Les principes du TaiChiChuan

Cette réflexion  du Mtre Wee Kee Jin me plaît beaucoup :

«  En TaiChiChuan, on ne fait pas de mouvement, on applique les principes TaiChi. »

En effet, on est souvent distrait par le vocabulaire en usage – saisir le queue du moineau, caresser l’encolure du cheval, jouer du Pipa…et on ne voit plus ce qui se cache derrière ou plutôt dedans.

L’image est là pour éveiller la sensibilité, favoriser la mémorisation, transmettre en langage crypté mais elle ne dit pas l’essentiel de l’art interne.

ART INTERNE

L’interprétation la plus fréquente le distingue de la pratique dite externe qui met en valeur la performance musculaire, force, résistance, rapidité, brutalité .

La plus pertinente reste pour ma part,  la référence à l’intériorité et à l’intimité.

Qu’est ce à dire ?

Outre le rapport à l’espace intérieur, Sans césure du corps à l’esprit,  j’y vois un rapport de cause à effet ainsi qu’un projet existentiel.

– Causalité –  l’esprit s’organise en une intention qui initie l’action,

– L’énergie – tout à la fois information nerveuse, sang et souffle allume le trajet de l’action

– Les référents internes  produisent la suite physiologique du mouvement.

DONC, c’est d’abord affaire d’esprit !

Certes, on ne s’en rend pas clairement compte quand on débute mais il y a quelque chose dans l’esthétique et la lenteur qui nous parle d’un choix de vie.

Comme on parle de méditation en mouvement, je parle de philosophie du mouvement à entendre comme un choix de vie bonne sous le signe du mouvement, du devenir en accord avec la force de la douceur.

Ensuite, on parle d’énergie (Qi).

Là cela se complique un peu tant le terme est vague.

Mais justement l’énergie n’a pas de forme et se prête à toutes les formes pour produire ses effets.

L’énergie, on la ressent clairement quand on en a : On est en forme, on a de l’idée et du souffle, on est enthousiaste, plein d’entrain…Tout ce qu’il faut de vitalité pour aller avec la vie sachant dépenser sans gaspiller et nourrir sans nuire.

Dans le corps l’énergie ne se distingue pas du souffle (air) et du sang ni de l’information nerveuse (sensitive et motrice) et, dans cette optique le corps rassemble toutes nos facultés et nos potentialités connues et inconnues selon la formule proposée par F. Billeter.

Enfin, on bouge à partir du centre.

l’économie du mouvement associe la détente et l’alignement postural.

Pour produire ses effets, une force a besoin de points d’appui; les repères internes seront les lieux d’appui et de passage des forces.

« La force s’enracine dans les pieds, se développe dans les jambes, s’oriente dans le bassin, voyage dans la colonne vertébrale pour fleurir dans le geste et le regard »

DONNER : Le pied touche le sol, il entre en contact avec la terre et y trouve des appuis pour exprimer des forces de poussées ascendantes qui sont amplifiées par le genou et la hanche coxo-fémorale. L’assise du bassin efface l’excès de cambrure lombaire et permet à la force de monter le long de la C.V. pour fleurir dans le regard et, passant par l’épaule sortir par la main.

RECEVOIR : Le pied fait office de prise de terre, il se connecte pour laisser passer le courant descendant, le genou amortit, le bassin s’assied, la portion lombaire laisser couler les forces vers le bas. La stature se maintient mais libère en elle-même les passages ( relais – rouages – chacras )de la force, comme une coulée descendant à la rencontre du sol.

YIN / YANG

Donner ( Peng) et recevoir (Lu) sont les deux grandes dynamiques recyclant perpétuellement les énergies contrastées et concourantes qui produisent beaucoup d’effet sans beaucoup d’effort.

décembre 2014 – à suivre…

 

20
octobre
2014

Vive le QiGong libre

Vive le Qi Gong libre !

La tendance actuelle est d’associer QiGong et médecine chinoise via la théorie des « 5 mouvements, des méridiens et des points «

Il me semble que – cultiver l’énergie – c’est d’abord faire le tri entre ce qui nous réjouis, nous réconforte et nous dynamise et d’autre part, ce qui nous pompe de l’énergie, nous attriste ou nous affaiblit.

Ensuite vient le temps de la pratique, seul et/ou en groupe pour trouver son style et s’entraîner.

De ce point de vue, la culture de l’énergie appartient à tout le monde.

Bien sûr on sait le terreau chinois qui a produit le concept de QIGong mais il n’y a pas lieu d’enfermer les pratiques sous une appellation contrôlée exclusive «made in modern China».

L’antique appellation «YangShen» – entretien de la vitalité – couvre le champ bien plus vaste du bien vivre.

Un peu d’histoire.

Des textes produits dans le premier quart du XXè , – explications subtiles sur le QiGong de Zun Wozhai et les procédés thérapeutiques du QiGong de Dong Hao sont à l’origine de la discipline QiGong moderne qui a pris son expansion vers 1950 en regroupant des techniques martiales, gymniques, respiratoires ; des techniques de visualisation, de concentration aussi bien que de la transe, de l’hypnose, de la magie et et de l’illusionisme.

– voir Catherine Despeux in – le QiGong, une expression de la modernité chinoise. –

Le QIGong moderne s’est développé sous Mao, un QiGong de santé conduit par la personnalité de Liu Guizhen (1920-1983)

qui sortit le QIGong antique de son contexte religieux et privé pour le mettre au service de l’état et du peuple.

De 55 à 60 fleurirent des centres de soins et de développement du QiGong qui disparurent cependant dans les massacres de la révolution culturelle.

Ce n’est qu’en 1980 que le gouvernement remis à l’honneur QiGong, Taichichuan et médecine traditionnelle.

Cette promotion fut l’occasion pour la Chine moderne de se distinguer de la culture occidentale et d’asseoir son leadership en ce domaine :

Il n’est de Qigong que Chinois et moderne.

Or, QiGong, TaiJiQuan et médecine «traditionnelle» ont diffusé largement dans le monde et se sont adapté à tous les terrains et tous les milieux.

La diversité des sources d’inspiration a conduit à des classifications

par exemple :

QiGong dur / QiGong souple – le premier à caractère martial – bris de pierre à mains nues,

résistance à la frappe, à la pénétration d’une pointe… repris sous l’appellation générique de WaiGong – pratique externe.

en contraste avec le Nei Gong, pratique interne qui reprend lui toutes les autres formes de QiGong.

On y distingue le JingGong, mise en oeuvre du souffle dans la quiétude et le recueillement ( assise méditative, Nei gong)

de la mise en oeuvre du souffle en mouvement de type éducation physique – DaoYin et en mouvements spontanés comme dans l’extase et la transe.

Dans cet ensemble, on peut, en outre reconnaître les courants boudhistes, taoïstes, confucéens, médicaux ou martiaux

ainsi que les pratiques populaires des exorcistes et sorciers.

Merci à la Chine d’avoir ouvert un vaste champ d’exploration et d’exploitation mais non à la tendance actuelle qui voudrait normaliser et monopoliser ces pratiques.

Il m’importe de dire clairement que le bien-être que l’on peut trouver dans une pratique énergétique

n’est en aucun cas limitée à l’expression moderne de la théorie des 5 mouvements/ 12 méridiens.

La créativité part de la recette qui allie une intention ( un propos) à une sensibilité ( écoute et ressenti ) à une posture, un geste ou un mouvement.

Le corps tel qu’il se présente au moment de l’entraînement sera le lieu privilégié pour mettre en oeuvre l’exercice.

A vous donc et à chacun de choisir et/ou de combiner les temps méditatifs, la relaxation, les étirements, l’écoute intérieure, la créativité martiale ou dansante pour faire fleurir ce qu’il ce qu’il y a de beau, de bon et de fort en soi pour une vie plus agréable et une société plus douce.

Jean Luc – namur – octobre 2014

27
juin
2014

Aux Ateliers de LA Main Franche, le QIGong parle français N°2

 

Le Qi gong pourrait être l’art de sentir, de se sentir et partant, de mieux sentir et ressentir les choses.

Se sentir, en voilà une question !

Comment faire ?  Je suis tellement confondu avec mon monde.

Je peux me connaître et me reconnaître de l’extérieur en voyant les traces laissées sur mon passage – vêtements, photos, fonctions, relations…

Je peux aussi dire « je me sens bien ou mal » me référant à l’aise ou au malaise.

Le propos QiGong est d’affiner les sens pour éveiller la sensibilité, l’émotion et la sensualité.

Mais les sens s’arrêtent facilement aux contours, à l’apparence.  Mon image et mes formes, mes bruits et mes mots, mon odeur et mon goût m’informent mais il faut aller plus profond et changer de point de vue.

Partir de l’intérieur. Cela s’appelle l’écoute intérieure, le retournement des sens ou la méditation.

A l’intérieur, ça bouge, ça respire et circule ; il y a du mouvement, il y a de l’espace.

La sensibilité à soi-même fait partie de notre bagage sensoriel, elle est même au départ de la conscience de soi, une référence stable et persistante pour tous les événements de l’existence.

Elle se développe et permet, dans les limites de la culture  une identification progressive de soi. On peut alors se raconter, s’identifier dans le récit de sa existence.

Une fois informé , on choisit d’éduquer ce sens interne et de l’affiner  en s’écoutant fonctionner c’est-à-dire en prenant le temps d’infuser, de résonner, de ressentir.

On devient plus conscient du fait que la matière première de notre rapport au monde c’est nous-mêmes.

Notre perception du monde reste toujours marquée par ce que nous percevons de nous-mêmes.

Depuis l’origine nous interprétons, nous créons et croyons le monde.

Le quotidien  sanctionne l’adéquation de notre interprétation et, si nous acceptons la remise en question, nous tendons vers plus d’objectivité.

Mais, l’expérience est biaisée par la culture dans laquelle notre esprit a éclos. Pour continuer la maturation, Il nous faut encore prendre nos distances pour sortir du cadre normatif dans lequel nous avons été pensés avant que de penser. Restaurer l’écart pour sortir des préjugés, du prêt-à-porter et à se comporter.

Se régénérer à la source  invite à retrouver le non-prévenu et l’inattendu dans ce que l’on connaît déjà. La curiosité invite à l’aventure, il y a de l’étrange dans le presque rien et seule l’in-expérience ouvre à l’expérience.

L’esprit peut alors choisir d’entrer en conversation personnelle avec le monde et les autres sur le mode créatif.

L’invention de soi ne part pas de rien, elle fait l’inventaire, trie, découvre, rejette et conserve pour associer de manière inédite.

Le Qigong n’est pas un produit fini, une suite d’exercices, une recette de bonne santé mais une incitation à savourer et à partager la formule unique de notre présence au monde.

 

 

 

2
mai
2014

Aux Ateliers de LA MAIN FRANCHE, le QIGong parle français

Dans la sphère des pratiques  TaiChiChuan et  Chi Cong, j’éprouve aujourd’hui une réticence à l’emploi des termes chinois.

Dans mes trente cinq ans de pratique, j’ai essayé d’apprendre le chinois, j’ai lu diverses traductions autorisées, j’ai étudié l’approche médicale traditionnelle où j’ai fréquenté chinois et sinologues.

Depuis la lecture de  l’art chinois de l’écriture , il y a une quinzaine d’années, les réflexions de  *Jean François Billeter  m’invitent à puiser dans ma langue maternelle pour retrouver le contexte où faire résonner la puissance évocatrice des images et des concepts chinois anciens.

Ne plus  « faire «  du ChiCong mais être dans une culture énergétique, en quelque sorte.

 

premier temps – août 2013

Energie, souffle, dynamisme, ambiance …le  Qi ne tient en place

en tous cas pas dans le territoire défini d’un unique mot français.

C’est qu’il est changeant par nature, comme le temps, comme l’air ou l’humeur, il se transforme; c’est bien là sa spécificité.

L’étude des caractères ouvre sur la bio-logique,  la vie « entre ciel et terre » où la puissance solaire mobilise des masses d’air et d’eau

qui s’échangent en souffles et vents, vapeurs et pluies pour animer la terre. (Voir Wieger, leçon étymologique 98.)

L’humain est concerné par nature, sa présence, sa cuisine et ses souffles participent du Qi.

Tout est Qi, de la matérialité à la subtilité, car ce qui n’a pas de forme particulière se prête à toutes les formes et toutes les applications.

Le Qi connaît des états, des changements d’états et des mouvements que l’on peut décrire en yin/yang quand on choisit ce langage.

En intimité avec la vie, il signe la vitalité et la vivacité.

 

Le Qi Gong ou la culture du Qi.

Tout un projet ! Cultiver la vitalité, prendre soin de ce qui nous rend vivant et s’exprime dans l’émergence d’une personnalité et d’un projet.

La sagesse antique invite à «suivre le Dao», à adhérer au mouvement de la vie sans nager à contre-courant.

Mais encore ? Suivre le naturel voilà qui est bien étrange pour l’homme façonné par une culture.

C’est que ce naturel se cultive lui-aussi, il se retrouve par l’exercice de l’esprit,  la méditation et  la pratique artistique.

C’est une provocation – Cultiver le naturel lors  même que l’on est immergé dans toutes nos contraintes actuelles.

Faire corps avec la vie invite à partir du corps dans la conscience de cette pleine adhésion.

Comment passer de la confusion initiale à la présence harmonieuse?

Par un double mouvement d’écart et de retour.

L’écart par un processus de distinction et de conscience de soi,

le retour par un processus spirituel d’adhésion à la vie et au monde.

Accéder à l’individualité en mode personnel et à la participation en mode collectif.

Assumer la nécessité pour trouver la liberté.

On peut alors aborder au bonheur simple d’être. Ici et là à la fois, en soi et avec le monde, pour soi, dans et par le monde.

*  L’art chinois de l’écriture  chez Skira et  Leçons sur Tchouang-Tseu et autres publications aux éditions Allia

 

21
avril
2014

Du style et des figures enTai Chi Chuan

 

Quand on parle Tai Chi Chuan en français, on parle FORME et de style  en référence à la pratique en solo.

On entend que le pratiquant met en forme et donne corps aux principes abstraits qui inspirent le TJQ : Verticalité entre Ciel et Terre, détente et enracinement, fluidité de l’intention au geste…

Dans le dictionnaire historique de la langue française j’ai trouvé le mot FIGURE pour dire la forme, l’aspect, l’allure et le comportement.

Le latin fingere parlait de modeler l’argile pour représenter d’où la figurine qui montre et permet de se figurer.

Le sens s’est élargi vers le dessin, le portrait puis la représentation graphique d’un signe pour donner forme à une abstraction.

Ainsi des chiffres ou de l’écriture mais aussi d’une suite programmée de gestes comme le sont les FIGURES de la danse ou les figures imposées du patinage artistique.

 

Dans nos chorégraphies, on retrouvent toujours des séquences telles que «la queue de l’oiseau, brosser les genoux ou les mains-nuages que j’appellerais volontiers les FIGURES du TJQ.

Nous pratiquons donc un ART FIGURATIF qui donne à voir par des formes et des mouvements.

 

Dans l’art de la rhétorique, on emploie des FIGURES DE STYLE  qui permettent un écart par rapport au sens initial ou à l’étymologie.

elles nous transportent vers un autre niveau de compréhension passant du sens littéral au sens FIGURE.

Et voici que l’on saute du formel à l’informel pour aller au-delà de la matérialité du geste.

Le STYLE caractérise l’individu qui se met debout (le grec stulos = colonne) et s’exprime avec une présence qui lui est propre : Son corps parle avec un rythme, un tempo, des cadences et un flux particulier.  On pourrait dire qu’il a son écriture, sa GRAPHIE propre ( stilus = le stylet pour graver et écrire).

Parler de CHOREGRAPHIE prend alors plus de sens pour évoquer la danse TaiChi qui trace ses gestes dans l’espace en jouant de tensions variables

( danser et tendre se rejoignent étymologiquement).

L’artiste martial construit son oeuvre, il est en même temps matière première, outil et oeuvre, il reçoit l’information de ses prédécesseurs et la partage avec ses pairs.

La maîtrise vient avec le temps et l’appellation maître ne vient que de la reconnaissance de ceux qu’il inspire.

Peaufiner sa chorégraphie, jouer des figures et des formes, les charger des principes fondamentaux, leur donner du sens  aide à trouver et à affiner l’accord entre le style du geste et le style de vie.

UNE VIE D’ARTISTE OÙ L’AUTHENTICITE NE VIENT QUE EN S’ENTRAÎNANT.

26
mars
2014

Rencontres internationales taichi et tango à Essoyes 18-24 août

 

“Rythmer nos pas au beau milieu du vignoble des champagnes du département de l’Aube.”

 

 TAICHI-TANGO

En Champagne-Ardenne/ Aube / France

En collaboration avec le Festival des Estivallées  et les Ateliers de la Main Franche

 

Du lundi 18 au dimanche 24 août 2014

« Salle des Emois » 

Place de la Mairie à Essoyes.

6 journées – 3 ateliers quotidiens

10 à 12h3016 à 18h3020.30 à 22h.

 

En soirée,

pràcticas de Tango argentin encadrées par le Maestro Fédor Villafane https://www.facebook.com/fedor.villafane

L’accès des pràcticas est ouvert aux participants extérieurs.

 

Début des ateliers lundi 18 août à 16h, clôture dimanche 24 vers 13h

Horaires modulables en fonction des participants, de la météo, et des organisations telles que projections, spectacles, dégustations …

 

Le cadre

Au cœur des vignobles de champagne,  la douceur estivale du village d’Essoyes, ses ruelles fleuries, les abords paisibles de sa rivière Ource, l’espace des Renoir, les pétillants trésors des caves du champagne de l’Aube. http://www.essoyes.fr/

 

L’esprit

Ces rencontres sont ouvertes à tous dès 16 ans. Un partage convivial accordera les pratiques Taïchi et Tango.

Entre contrainte et inventivité des pas, les ateliers voyageront des gestes du solo jusqu’à ceux qui se partagent en dansant.

Pour communiquer, on croisera sans chichi le français, l’anglais et l’espagnol.

Seul ou accompagné, profane ou expert(e) du geste, vigneron(ne), touriste, artiste, tangoteur(se), taichichuaneur(se), qigongiste … tous sont les bienvenus(es).

 

Le contenu

S‘inspirant de la symbolique du champagne dont la saveur émerge des vertus de la nature assemblées grâce au savoir-faire de son vigneron, ces rencontres croiseront les répertoires gestuels du Tango argentin avec ceux du Taïchi pour y conjuguer les subtilités relationnelles du mouvement.

Le programme de ces ateliers combinera des pratiques organisées en solo, puis avec objet et enfin en partenariat.

– Le Qi gong ouvrira le corps, le coeur et le souffle.

– Le Taïchi inspirera la posture, la stature et l’alignement, il précisera la détente du geste vécu de l’intérieur dans la force, la douceur et le sens de la forme.

– Le contact-improvisation nourrira l’approche des bases du Tango argentin.

 

On visera les qualités d’une écoute réciproque qui fonde la danse en couple, distinguant la précision des appuis – la gestion des tensions – la sensibilité de l‘écoute – la musicalité des pas – la créativité du partage…

L’évolution des ateliers s’organisera autour d’une mise en jeu progressive du bâton long.

Il sera l’élément conducteur du contenu technique des pratiques enseignées, à la fois support des formes en Taïchi (http://youtu.be/mmpL_4_B3jM) et vecteur didactique de l’approche des figures en Tango argentin.

 

Tenue

L’aisance avant tout, confort et fantaisie, chaussures et chaussettes réservées à la pratique sur le parquet de la Salle des Emois.

 

Venir à Essoyes

Essoyes se situe à

50km de Troyes – 150km de Dijon – 180km de Reims – 220km de Paris – 340km de Lyon – 350km de Bruxelles – 580km de Londres – 1200km de Madrid.

– En voiture:

En provenance de Paris et du Nord: Autoroute A5 sortie Magnant (n°22)

En provenance du Sud: Autoroute A5 sortie Ville sous la Ferté (n°23)

 

– En transports en commun:

Train jusque la Gare de Troyes.

Prendre le bus de la compagnie « Les courriers de l’Aube » (Ligne 4 Châtillon/Troyes). Arrêt à Bar-Sur-Seine. De Bar-Sur-Seine à Essoyes prendre le taxi.

Possibilité de prendre un train jusque Vendeuvre-sur-Barse (gare plus proche d’Essoyes que celle de Troyes) puis prendre un taxi (00 33 (0)3 25 41 08 39 / 00 33 689 91 24 37- www.taxi-sebastien.fr – http://youtu.be/xIK-0D3FALI)

La gare TGV la plus proche est à Montbard, dans le département de la Côte-d’Or en Bourgogne, région voisine immédiate du territoire d’Essoyes.

Loger à Essoyes 

Deux gîtes-chalets au Domaine de la Charmette www.domainedelacharmette.com sont déjà réservés pour accueillir une dizaine de stagiaires. Réserver sa place auprès des Ateliers de la Main Franche.

Les chambres d’hôtes ainsi que l’accueil chez l’habitant sont à réserver via l’otee.

Au centre du bourg, la mairie d’Essoyes met à la disposition exclusive des participants une aire de camping située sous les arbres dans le parc du château, en bordure de rivière avec accès aux commodités du centre sportif.

Réserver sa place de camping auprès de 

L’Office du tourisme d’Essoyes

otee10360@gmail.com

Espace Renoir/Place de la Mairie

Tél : 00 33 (0)3.25.29.21.27

Se nourrir à Essoyes

www.ot-essoyes.fr/rwd-restaurant.html

– Restaurant ouvrier au bord de l’Ource avec repas de midi 3 services.

– Guinguette sur le quai de l’Ource, restauration rapide en journée et soirée.

– Pizzéria sur la place de l’Eglise.

– 2 boulangeries, une superette, 2 traiteurs

 

INFORMATIONS et INSCRIPTION

Infos pratiques auprès des Ateliers de La Main Franche

site www.taichichuan.be

Contact et pré-inscription par courriel

jean.luc.perot@taichichuan.be

Mentionner : Nom – Prénom

+  RENCONTRES D’ESSOYES.

Participation aux frais à verser sur place.

– 200€ forfait 6 jours ou 50€ la journée.

– 150€ pour Essoyens(nes)

– 100€ étudiants/artistes participants à l’animation.

 

 

 

17
mars
2014

ma vision Taichi. N°2 – Le lien

Je terminais le première article avec cette formule : C’est dans la relation que vient l’énergie.

Partout la vie naît et s’entretient dans l’échange.

Entre Soleil et Terre il est question d’échanges, de distance et d’attractions .

Sur Terre se répondent des températures et des vents, de l’eau et des reliefs, des pierres, des bois et des feuilles qui font nos climats.

Des animaux micro et macro  naissent , mangent, respirent, éliminent leurs déchets et meurent. la terre  recycle l’ensemble dans un humus fécond.

Echanges, influences, relations, liens, liaisons tout est interconnecté.

Nous autres, bipèdes plantigrades omnivores jouissons de tout cela et formons des couples et des groupes, des clans et des réseaux pour connecter nos esprits et échanger nos informations.

Mais voilà, souvent on perd conscience de cette intrication alors que c’est elle qui est et fait la vie.

OUVERTURE

Nos portes et fenêtres donnent sur le monde, nos sens captent les messages, nos têtes les interprètent pour en faire une histoire personnelle et collective.

Ecoutons  avec curiosité, découvrons, essayons et apprenons à choisir ce qui nous fait du bien tout en évitant ce qui nous nuit.

Et d’abord, commençons par nous écouter.

L’assise tranquille ou méditative, comme on veut, est l’occasion de faire taire l’agitation mentale et musculaire pour s’ouvrir à la simple présence.

On voit mieux ce que l’on a, ce qui nous manque comme ce qu’on garde par habitude.

ACCUEIL

La dialectique yin/yang n’est en aucun cas l’occasion de classer et de ranger dans des boîtes yin ou yang. Elle invite au contraire à nuancer, à mettre en évidence des petites différences, des gradations, des contrastes et des variations pour faire vibrer l’apparente banalité des choses.

Elle convoque également le sens de la relativité car il n’y a de yin/yang que l’un par rapport à l’autre et sous un certain point de vue, dans un certain contexte et dans une certaine occurrence.

AGIR et CHOISIR

Cette ouverture accueillante affine les sens, développe l’acuité et le discernement. On analyse, compare, évalue, apprécie…

On commence à sentir que nos existences  sont notre point de vue sur la vie, sans égoïsme, on prend conscience et confiance en soi.

On est prêt pour le changement, non seulement pour changer une petite chose de ci de là mais pour CONSENTIR  au mouvement.

Plus encore pour aimer les mutations et transformations qui nous font changer avec le temps, les lieux et les autres.

Le QI, l’énergie est changeante par essence.

Alors on l’entretient, la nourrit, la fait circuler et permet ses transformations.

Le Chi Cong (QIGong) devient un art de vivre au quotidien , en fin de compte une histoire d’amour, une sagesse existentielle.

 

 

Vision simplifiée d’un ensemble