L’esprit TaiJi s’incarne chair et os dans la posture. La présence n’est donc jamais isolée de l’espace.
L’espace est partout, autour, dedans, au plus loin comme au plus intime; l’espace c’est 99,9% et la matière c’est 0,01%.
C’est dire qu’on a de la place. Il s’agit de l’occuper en conscience.
La posture se vit en volume 3D, elle s’organise selon une géométrie où elle prend sa mesure.
Debout, sur l’axe vertical, elle s’inspire du modèle symboliqueCiel/Homme/Terre et, plus sobrement de cette tension de redressement entre l’attraction terrestre qui nous colle à la terre et un tropisme solaire qui nous attire tel le végétal qui pousse et pointe vers la lumière.
Ainsi se construit un axe virtuelautour duquel s’érige la stature.
Puissance de l’imaginaire, cet axe nous suit partout sur la boule Terre.
“Que ta mesure ne soit pas une démesure “
Pieds joints, ce rayon solaire médian entré par le sommet du crâne accorde l’alignement vertébral postérieur avec la ligne nez, sternum, nombril; traversant le périnée, il se poursuit dans la terre en passant juste entre les pieds.
De part et d’autre de cette référence, s’équilibre le rapport gauche/droite de telle sorte que suivant l’écart des pieds le fil à plomb tombe toujours au milieu.
Ainsi, les pieds sont toujours sous le corps et le corps centré au-dessus des pieds; partout où je vais, ils sont là, sous moi.
Le développement d’une stature stable invite à écouter ce rapport gauche/droite précisant des plans d’équilibre horizontal qui s’échelonnent de la tête aux pieds pour ajuster le port de tête (plan vestibien des canaux semi-circulaires de l’oreille interne), la carrure épaules (épaules basses), l’assiette des hanches, la ligne des genoux et des chevilles pour retrouver le plat du sol.
Sur un sol inégal, il s’agira de rectifier la pose mais comme de toutes façonsnous sommes tous un peu gauchis, tordus et boîteux la correction posturale est toujours de mise.
Une lecture sagittale entre face et dos suggère que la façade postérieure offre un appui, un dossierinvitant la façade antérieure à se détendre, à s’effacer.
L’ensemble a de l’allure, une tenue qui résiste aux fatigues et aux charges qui nous avachissent, une présence attentive qui dégage tous nos capteurs sensoriels et invite à la conscience du souffle.
Le souffle fait le lien entre l’espace extérieur et l’espace intérieur
Il vient gonfler ce volume à l’inspiration et lui donne à se détendre sur l’expiration.
Le registre du souffle arrondit les angles, on a conscience d’une bulle qui s’expanse et revient et cette conscience n’a de limite que celle de notre point de vue, de notre capacité à nous penser au centre d’un volume allant de la peau aux étoiles. On se prend comme centre et dans cet aller-retour on peut respirer avec la nature, avec la cosmos, avec l’univers.
Le souffle ne se limite plus à la respiration aérienne, la peau devient un interface diffus et poreux entre nous et le monde. On se charge et se libère, on reçoit et donne, on capte et on émet. L’information circule, l’espace nous informe et nous forme.
Du mieux-être, du bien-être et du plaisir. Mais encore ?
Il me semble que l’on pourrait rassembler l’ensemble des effets sous le thème de l’adaptabilité.
S’éduquer à reconnaître et accepter le changement en évitant la résistance crispée à une croyance supersticieuse devant l’étrange, l’inconnu qui dérange ou l’adverse qui menace.
Habiter le corps permet de mieux se connaître. Partir de soi, reconnaître et assumer ses faiblesses et ses forces, cela fait déjà une bonne part d’inconnu en moins face à l’inattendu d’une situation. Cette disponibilité permet un STOP, un écart salutaire évitant de se laisser mener par la réaction émotionnelle immédiate.
On ne refuse pas l’émotion, on n’essaye pas de la faire taire ou de la nier mais on constate ce qu’elle mobilise en nous pour mieux suivre,tempérer ou modifier sa réaction. Paradoxalement l’entraînement à l’écoute de soi permet de s’oublier au profit d’une vigilance à tournée vers la situation alentour et à une vision claire des forces en présence, des risques et des possibilités.
L’ancrage dans le souffle permet de gérer la réaction de survie qui nous ferait spontanément fuir, impressionnerou s’inhiber.Ancrer le souffle dans le bassin et les reins donne un appui solide pour encaisser, éviter ou recycler les énergies qu’on dira contraires, comme on parle de vents contraires.
Robustesse et vulnérabilité reconnues accroissent nos possibilités d’adaptation à l’ensemble des forces en jeu. La robustesse, pour supporter la mise en tension globale de la situation et la vulnérabilité, pour ne pas se priver de sentir et ressentir par excès de précaution et de protection.
Rester disponible pour choisir ce que l’on accepte, transforme, évite ou refuse de la situation. Choisir et Agir tout en se chargeant de moins en moins de regrets ou remords, de culpabilité ou de triomphalisme compensatoire.
L’adaptabilité comme un savoir-vivre et un savoir-faire.
On pourrait parler d’élasticité et de résilience, de tenségrité et donc d’équilibre global, dynamique et harmonieux de l’ensemble des forces detension et de détente.
Vous avez envie de commencer ? Toutes les séances vous sont ouvertes.
Il suffit d’essayer, d’en parler puis de choisir ce qui vous convient .
Tenue confortable, pieds nus ou sandales sans talon.
Rentrée le 17 septembre 2019.
Au 9, rue Henri Lemaitre à 5000 Namur.
Petit groupe de 10 personnes
mardi 11h – Qi Gong – santé vertébrale – jeu des animaux et posture, stature, allure
jeudi 11h – symbolisme des 4 éléments centrés -Eau – feu – Terre – Air
Au Centre sportif FUNDP 10, rue Godefroid à 5000 Namur.
MERCREDI – la forme courte
10h – QiGong – couché / debout – relaxation eu sol puis, se mettre à pied d’oeuvre – conquête de l’espace. Apprivoiser le sol, sentir ses appuis, chercher la détente pour se mettre debout et se déplacer – prévenir et moins appréhender la chute.
11h – Taichi Chuan – base 13 et 13 de base – Principes et outils pour une pratique bénéfique de la forme courte.
À l’IATA, 43a rue de la montagne à 5000 – Namur.
MARDI – La longue forme
19h – taichi Chuan – Base 13 et 1ère section – débutants et débrouillés
20h – Taichi Chuan – 3è section pas à pas et filage de la 2ème section
JEUDI
18h – Taichi/ QI Gong, mise en place et filage de la forme courte 13 de base
Toutes les parties du corps, toutes les pièces de la machine, tous les éléments de cet ensemble complexe entrent dans un fonctionnement intégré.
Les détails anatomiques s’estompent au profit d’un fonctionnement global. Respiration et circulation inscrivent dans l’ensemble du corps des centres moteurs et des lignes de force.
L’intérieur devient le milieu où s’organisent ces forces, on y sent des circulations, des courants, des membranes, parois ou enveloppes.
On convoquera
L’air et la pompe du diaphragme pour la ventilation
le sang, le coeur et les muscles pour la circulation rythmée des liquides,
La respiration et les connexions nerveuses pour les échanges cellulaires
et l’information circulante.
De l’intimité cellulaire à l’environnement extérieur, tout est interconnecté.
La connexion interne de l’organisme va de la matrice nucléaire connectée au milieu cellulaire lui-même baigné dans la matrice conjonctive extra-cellulaire qui se prolonge dans tout le tissu conjonctif. Il y a un milieu extérieur, une enveloppe externe/interne perméable et un milieu intérieur en équilibre; un détail modifié n’importe où résonne sur l’ensemble en équilibre dynamique; c’est un réseau continu vivant.
L’élasticité globale se traduit en terme de ressort qui pourra se comprimer ou s’étirer pour restituer la force engrangée.
Les mouvements naissent plus clairement de l’appui au sol, du centre moteur pelvien et de l’axe. Le muscle est sollicité davantage en allongement excentrique et moins en raccourcissement concentrique.
L’EAU
sera l’élément marquant de cette sensibilité. L’eau qui coule et s’écoule, remplit les creux, contourne les bosses. La vague inspirera le mouvement qui se propage à partir du centre et du sol ; le corps se fera récipient et les contenus liquides se transvasent d’un appui dans l’autre. L’espace se fera piscine et l’on intégrera la portance et la résistance du milieu.
Le Solo
se développe à partir de sensations internes, se charge et se décharge dans le cycle des inspirations/expirations.
Les mouvements prennent du corps, illustrations et applications viennent ajouter du sens.
Le QIGong se fait plus méditatif.
Une compréhension cellulaire du corps aide à absorber le pur, le profitable dans l’inspiration, à laisser s’activer les processus physiologiques d’assimilation pendant l’installation du souffle et puis à évacuer l’impur, les déchets métaboliques et plus globalement tout ce qui nous encombre et nous empoisonne sur l’expiration. TuNa
L’exercice mettra en jeu la pompe diaphragmatique dans l’activation rythmique du souffle selon la proposition chorésophique de Raji et Yumma.
La dynamique corps visible/corps invisible soulignera la mobilisation des centres moteurs pour activer la périphérie des membres de la colonne vertébrale jusqu’au bout des doigts.
Le duo/duel s’ouvre à la rencontre de la complémentarité et à la réciprocité.
L’autre ne fait plus obstacle mais partenaire de l’apprentissage dans l’approfondissement des principes. La main et l’œil lisent le corps dans sa cohérence, son alignement et sa détente pour déceler la faille, l’insuffisance ou l’excès à corriger. Les exercices de systématisation clarifient les 8 principes de base. Peng Lu An Ji Cai Lie Zhou Kao.
Je vous propose de revisiter la pratique TaiJi – QiGong en 4 ateliers qui se donneront à Namur
au 16, avenue reine Astrid de 14 à 18.30h
les dimanches 21 janvier – corps mécanique ; 18 février – corps organique ; 18 mars – corps énergétique et 29avril – corps philosophique .
Voici le premier texte pour l’atelier du 21 janvier 2018 et la liste des inscriptions https://doodle.com/poll/ms2s4gksim87ea9d
QI GONG
Savourer la beauté du geste bien fait et bon pour tous.
Organiser la progression
Dans la variété des pratiques QiGong, je repère 4 régimes de l’activité et je parle du corps en tant que celui-ci est au départ de l’exercice et de la mise en œuvre de soi dans la globalité de la présence.
Temps 1 : Le corps mécanique
C’est le temps de l’approche anatomique. La construction de la posture se lit en termes de charpente osseuse, d’articulations et de liens tendineux et musculaires.
On voit la posture debout soumise à l’attraction terrestre et l’on ajuste les tensions entre les forces de redressement et les forces d’enroulement; entre tenir debout ou s’écrouler, se tenir ou s’avachir.
La verticalité organise la stature autour d’un axe virtuel qui nous traverse de part en part.
L’alignement
favorise l’abandon des tensions compensatoires et met en évidence l’inutilité des crispations qui brident la détente et freinent la mobilité.
Debout et Solitaire, On installe la polarisation soleil/terre, tension ascendante vers la lumière et abandon à l’attraction terrestre; la verticalité concilie chute et grandissement.
Corps visible / corps invisible
les centres moteurs “invisibles“ se précisent dans l’appui des pieds qui se prolonge jusqu’à l’articulation coxo-fémorale au creux de l’aine ; sur le sacrum qui initie le redressement vertébral jusqu’à l’occiput et dans le port de tête qui s’ajuste sur l’horizontale des oreilles (plan vestibien) pour projeter le regard à l’horizon.
L’espace s’organise à partir de soi.
Là où l’on est, là est le centre et le départ de l’aventure spatiale.
L’axe vertical de notre redressement peut se prolonger jusqu’au centre de la terre (Nadir) ou s’élever jusqu’à l’étoile au Zénith.
Passant de la ligne au plan, la sensation résonne droit devant ou droit derrière.
Derrière, la colonne vertébrale devant, l’axe nez, sternum, nombril témoignent de notre alignement.
Cette vibration médiane s’extériorisera dans le focus, la capacité à centrer notre regard et concentrer nos énergies en un point droit devant, là où le sagittaire vise et pointe sa flèche.
B – le plan latéral ou frontal :
L’axe vertical se fait ligne et plan dans la symétrie gauche et à droite.
L’oreille, l’épaule, la hanche et la cheville se répondent sur la verticale et se prolongeant latéralement dans l’écoute, le bras (main) et jambe (pied).
C – le plan horizontal – comme le sol ou la ligne d’horizon :
Sur un sol plat, les plantes des pied sont au même niveau et cette position équilibrée peut se ressentir aux chevilles, genoux et hanches puis à la taille, aux épaules, aux oreilles et aux yeux.
L’usage distingue 3 niveaux : en-haut torse, épaules et tête; au milieu l’espace du diaphragme, du creux de l ’estomac au nombril et en-bas, sous la ceinture, la bassin.
2. Ensuite, l’espace alentour.
8 directions organisent et résument toutes les directions à l’instar de la rose des vents.
Au centre d’un carré sur pointe, le pratiquant repères 4 directions cardinales; il s’oriente selon son intention vers le nord, le sud, l’est ou l’ouest.
La lumière solaire règle nos aspirations vers le levant ou le couchant, vers la pleine lumière du jour ou les lumières de la nuit.
Au centre d’un carré droit, les angles indiquent les directions diagonales.
L’octogone comme le cercle rendent comptent des 8 directions et , en pratique, je suis le centre, j’avance ou recule, me déplace à gauche ou à droite allant tout droit ou obliquant.
Peu d’effort, beaucoup d’effet !
L’intelligence du geste et l’élégance du mouvement.
Le corps pense et l’aisance vient avec simplicité et économie d’énergie.
L’efficacité vient à-propos, au bon moment, au bon endroit.
La rondeur masque les angles et la ligne droite quand le principe du levier diminue l’effort.
L’élément TERRE
est emblématique de ce temps inaugural.
La Terre planète, la pesanteur, le sol et la prise d’appui.
Mais pas de Terre sans Soleil : SOL I TERRE
Dans ce premier temps
Le solo passe par l’apprentissage formel : posture, appuis, pieds et pas, mouvements et directions.
Le Qigong est dans ses fondations corporelles – étirements, assouplissements et tonification se retrouvent sous l’appellation DaoYin.
Tandis que l’idée de l’arbre inspire l’exercice postural.
L’exercice Duo/duel
présente l’autre comme un obstacle, une force qui résiste ou s’oppose. On vérifiera l’enracinement, la détente, la capacité à recevoir et à donner une force à travers les exercices éducatifs.
Nous nous promènerons donc dans ces repères lors du prochain atelier du 21 janvier 2018
artiste, créateur ou inventeur, on se met “à l’oeuvre”.
La maîtrise s’exerce dans geste.
Le geste parce qu’il disparait dès qu’il est achevé est toujours à créer, il est gestation.
Ainsi, l‘artiste est en gestation continue par le geste, il est et travaille sa matière première.
Temps et attention lui sont utiles pour affûter les outils et tenir ouvert le chantier sans s’échouer hâtivement dans une quelconque identité où il se sentirait abouti.
Au présent, Il est capable de dire JE, conscient de soi, de son existence, de sa présence et de son identité mais, paradoxalement, Je est perpétuellement en train de se faire et de se raconter.
Dans un avenir toujours avenant, il s’imagine et s’invente en se faisant.
Le passé nous mène,
nous sommes pétris de croyances, habitudes et de conformisme.
Mais, on peut prendre distance d’avec soi-même et se regarder agir. Cet écart méditatif et réflexif nous fait spectateur de notre fonctionnement puis acteur plus conscient de notre déploiement.
Sortir de l’agitation émotionnelle et réactionnelle n’est pas refuser l’émotion mais assumer son message.
Les émotions ont un sens primitif lié à la survie, les reconnaître, les accepter et les comprendre permet de faire retour vers la complicité de l’amitié avec soi-même.
Le futur nous emmène : Souviens-toi du futur !
On prend le temps pour écouter, sentir, apprendre et comprendre
On cultive l’attention pour aiguiser les sens et creuser nos ressources
n’oubliant pas que advient aussi ce que nous cherchons à faire advenir.
Le désir est là : bien-vivre et mieux-vivre.
Le plaisir est le moteur du désir, il donne l’énergie pour agir
alors que l’action donne du sens au désir.
La réciprocité, reconnaissance de l’autre comme désir libre fonde le rapport aux autres.
et à présent,
Connecte-toi aux forces qui t’habitent et t’entourent.
Il y en a que tu sais, d’autres que tu pressens et d’autres encore que tu ignores : Confiance !
Intégre l’ensemble de tes forces qui s’oppose au morcellement comme à l’éparpillement.
Sens la beauté, réjouis-toi de bien-faire et sens ce qui est bon pour faire fleurir ce que tu aimes.
L’entrainement te tire en avant, vers l’estime de soi.
Que ce soit dans la chorégraphie, l’affrontement ou le quotidien, le CENTRE associe les qualités de présence, de conscience et de disponibilité.
La présence note une position spatiale, une conscience et une disposition interne.
– A l’interne, la présence invite à la conscience. Conscience de son identité, de sa posture, de ses forces et de sa disponibilité.
– Dans l’espace, on occupe physiquement une position mais la conscience inscrit ce point dans un champ relationnel, un champ de forces avec orientations, directions et sens.
Pour moi, il y a – devant, derrière, à côté, dessus et dessous ;
en rapport à l’autre, il y a de face, de côté, de dos, plus bas que ou plus haut que.
Dans la relation, il y a proche, éloigné, confort, menace, urgence ou tranquillité…
De la posture centrée : é qui libre = qui est libre
On connaît la référence constante à l’équilibre.
La posture juste est faite d’alignement vertical, de détente et de juste tension.
Le centre étant en même temps centre de gravité lié au bassin, centre du souffle lié au diaphragme ou centre de l’intention lié à la poitrine et à la tête.
Le centre est un lieu d’équilibre dynamique.
L’effet probant du centrage est la disponibilité à ce qui arrive.
Ayant intégré les dimensions de la présence, on est libre de la préoccupation de soi et prêt à… l’imprévu.
La concentration ouverte ne sépare pas interne et externe, la disponibilité accueillante et la mobilisation des énergies.
La position centrale nous met au coeur de la situation.
Du point central partent et arrivent tous les rayons de la roue.
On est à la fois cible et moteur.
Une conscience circulaire joue des 3 plans de l’espace pour gérer les forces adverses – le point central est partout où je suis, il se place et pivote à loisir pour changer les angles, dévier les forces usant de l’effet centrifuge ou centripète.
Pas de centre sans périphérie, pas de cercle sans centre. La roue tourne et la boule roule, le centre reste !
Le centrage invite à se “mettre au centre” de soi et de la rencontre.
Prendre le centre met l’autre en périphérie
Cacher son centre ne donne pas de prise efficace à l’adversaire.
Se centrer c’est trouver sa cohérence, une référence intime qui connecte tous les aspects de notre présence, donne de l’aplomb et du culot, de l’à-propos et de l’aplomb.
Ainsi le centrage devient la clé de l’attitude et du comportement
efficace. JE reste le pilote capable d’accueillir avec souplesse ce qui vient, capable de l’apprécier et de l’évaluer pour agir en accord avec soi et la situation.
Qualité centrale que l’on éveille et éduque dans des vibrations méditatives ou dans la forme, chaque fois qu’on occupe une position cruciale d’où peut naître le changement.
Le caractère mobile, fluide, continu et intégré du « geste Taichi » nous parle de circulation d’énergies.
Circuler évoque précisément les trajets circulaires, les lignes courbes et les temps cycliques.
Le cercle est le modèle TaiChi, il résonne dans les 3 plans de l’espace euclidien et la sphère synthétise le thème.
Dès lors, il sera question de boule qui roule, d’enroulements et de déroulements; il sera question de roue qui tourne, de centre et de moyeu pour des rotations, de tours et des détours ; d’axe pivot et de torsion pour des rotations différenciées.
L’harmonie de l’ensemble implique de repérer et libérer les points charnières articulant le geste.
Passes, portes, pivots, barrières, chacras…
L’ARticulation permet un ajustement, une adaptation réciproque de différents éléments.
HARmoniser, ARticuler, Rythmer et Ritualiser participent de cette faculté adaptative, il vibrent tous sur la même racine étymologique.
On articule des segments, des moments et des temps, des pensées et des hommes qui s’adaptent en permanence à la vie.
Cette adaptation réciproque se retrouve bien sûr dans les articulations entre les segments osseux mais aussi dans le glissement des viscères ou dans les mouvements cellulaires et, au sens large, dans tous rouages qui font tourner la machine.
La tradition indienne nous a légué la notion de Chakra pour qualifier cette fonction glissant du mécanique à l’énergétique, du physique au psychique, de l’action à l’esprit.
La tradition chinoise parle de barrières, de passes, de portes et de pivots par où passe le flux,
elle situe des lieux et les met en image dans un paysage.
Le corps s’organise entre terres et mers où se précisent des champs d’exercice, des lieux où l’on se cultive et s’affine.
3 lieux sont privilégiés : – le creuset pelvien – le coffret thoracique et le berceau crânien
ils sont en continuité c’est à dire :
– le ventre et le bassin jusqu’aux pieds
– le torse avec les poumons et le coeur, le diaphragme faisant distinction et continuité
– le port de tête, cerveau et regard, l’entrée thoracique faisant distinction et continuité par la nuque.
C’est la libre circulation des souffles et des énergies qui fera le geste élégant et l’agir efficace.
L’usage le plus fréquent propose une lecture en 7 rouages (chacras) pour organiser mouvements et cheminement intérieur.
Du fond vers le sommet : Le cul, l’ombilic, le creux de l’estomac, le milieu de la poitrine, le passage resserré de la gorge, la glabelle et la couronne.
Ces repères ne sont pas sans résonance avec des centres nerveux (noyaux et plexus neurovégétatifs ) et l’on pourrait en proposer une lecture neuro-anatomique mais le langage usuel convient mieux à notre propos.
Voici comment je les situe dans ma pratique.
En bas, l’assise, l’assiette : Le bon fond donne du culot !
Là se gère l’enracinement à la terre pour une stabilité physique et émotionnelle mais aussi la plongée dans nos racines identitaires
– le genre, masculin ou féminin
– la génération dans l’ascendance et la descendance,
– la sexualité dans la conjugaison amoureuse
– le terroir, naissance et ancrage dans la culture.
L’appui du pied se prolonge dans les jambes jusqu’à l’articulation coxo-fémorale.
Le hamac pelvien est comme une toile de trampoline tendue entre pubis, coccyx et ischions.
Dans la pensée médicale chinoise antique, c’est du fond que jaillit la puissance vitale tel un geyser (ChongMai). Assumer ses racines, avoir les pieds sur terre, ne pas avoir le cul entre deux chaises donne de l’aplomb et du culot.
2. L’ombilic et le creux des reins – De la tenue !
– Au creux de reins est la porte – Men – par où on est appelé dans l’existence – Ming -. On sort dans la vie, il importe que cette porte reste largement ouverte, que la cambrure lombaire ne soit pas une serrure, ni rouillée ni verrouillée.
L’ombilic est au centre du plan d’organisation de l’embryon ; il forme le nœud qui ferme la panse et marque la séparation d’avec le placenta et la mère. « Avoir du cœur au ventre, avoir des tripes, avoir quelque chose dans le ventre » font écho à l’individuation et au possible accès à l’autonomie.
La ceinture est garante de l’adossement lombaire et de la cohésion haut/bas. Dans le développement embryonnaire précoce deux courants des cellules s’opposent en haut/bas, les unes coulent vers la tête tandis que les autres coulent vers le sacrum.
Les reins solides témoignent de la force de celui qui est bien tenu à la taille et se porte bien.
3. Le creux de l’estomac et le diaphragme – la soufflerie !
– zone intermédiaire où le soufflet diaphragmatique, pompe aspirante et refoulante active l’aspire, l’inspire et l’expire, cela spire et re-spire, brassant les énergies du souffle et du sang, diffusion artérielle et retour veineux.
La dynamique pneumatique (gonflé/dégonflé) comble l’apparente coupure à la taille, contient l’expansion du ventre et répond de l’animation centre/périphérie.
Cette région est un passage
– vers le bas car quand cela ne passe pas bien, ça nous reste sur l’estomac ou sur le cœur; on n’arrive pas à digérer les choses, la respiration reste superficielle.
– vers le haut pour la montée du sang et des souffles purs, la clarté d’esprit, la sonorité de la voix et le rayonnement.
4. Le torse, le thorax et le dos, la poitrine – Quel coffre !
Usuellement désigné comme le lieu du cœur et du sentiment, la cage thoracique est ajourée, les barreaux sont mobiles et permettent l’expansion du cœur et des poumons. Le torse peut former un rempart et le dos peut se faire gros pour encaisser les coups.
Mais souvent la cage se fait prison et l’on vit à l’étroit, enfermé, le cœur serré et la poitrine affaisée.
5. L’ouverture vers le haut – à gorge déployée !
La ceinture scapulaire, la gorge, le col et la mâchoire inférieure .
Entrée ou sortie, le passage est étroit est gardé, il contrôle les sorties et règle les entrées.
– A l’aisselle, liée au déploiement des ailes, des bras qui accueillent ou se ferment, enlacent ou libèrent et des mains pour donner et prendre .
– A la gorge, le défilé livre passage au souffle et au sang, au son, à la parole et au chant. il importe que la nuque soit souple et mobile, redressée et non tassée.
6. L’oeil et l’oreille et le pouvoir unificateur du cerveau pré-frontal – Quel toupet !
qui distingue, analyse et rend cohérent. Le plan vestibien ( plan du canal semi-circulaire horizontal de l’oreille interne) équilibré dans un port de tête dégagé assure la meilleure acuité sensorielle.
g. Le sommet subsume l’ensemble, on est complété et connecté – ici et au-delà !
Au-delà du crâne s’ouvre l’intelligence de l’intégration de soi à l’aventure universelle qui dépasse la portée de nos sens.
Soi, l’autre, la société, la planète, le cosmos…
Ainsi le symbolisme global de l’Homme entre Ciel et Terre trouve des spécifications au différents étages de la posture debout.
Dans ce champ d’investigation TaiJiQuan – QiGong, je butte toujours sur ce même problème : des mots exotiques et étranges qui ne trouvent du sens que dans l’expérience.
On cherche des traductions, des allusions, des images ou des périphrases savantes mais au-delà, seule l’expérience ouvre sur l’intégration.
Ainsi du Qi : Energie, souffle, dynamisme ? Le Chi ne tient pas en place et en tous cas, il ne tient pas en un unique mot français.
Il est changeant, par nature, comme le temps, l’air ou l’humeur. Il varie et se transforme. C’est bien là sa spécificité.
Les caractères chinois ouvrent sur la bio-logique, la logique du vivant entre « Ciel et Terre » où la puisance solaire mobilise les masses d’air et d’eau qui s’échangent en souffles et vents, vapeurs et pluies pour animer la terre. ( Dictionnaire Wieger, leçon étymologique 98 ). Jusqu’ici, on ressent et comprend.
L’humain est au centre, en plein milieu, en plein dedans.
Terrien bien au chaud à l’abri de son soleil, il consomme et transforme tout ce qu’il touche par le geste et la pensée.
Sans forme particulière l’énergie se prête à toutes les formes et à tous les usages.
Subtile ou grossière, elle est et fait la vie.
Naissances, changements, mutations et morts s’y retrouvent, vitalité et vivacité aussi. Cela s’apprend, s’écoute et se cultive.
La culture du bien-vivre sous l’angle énergétique.
C’est une philosophie c’est à dire une pratique, amoureuse de la vie et de l’existence heureuse.
Le regard énergétique voit l’immanence des choses, il s’intéresse aux dynamismes, aux forces et au plaisir partagé dans la simplicité de ce qui est.
Prendre soin de ce qui nous rend vivant, éviter ce qui nuit et entrer dans l’expérience d’une individualité aimante, .
Bien dit ! mais comment s’y prendre ?
Le grand livre du Dao, version chinoise classique, invite à accompagner le mouvement, à suivre le naturel . Mais encore ?
Ce naturel ne semble pas spontané chez l’homme. Nous sommes pourtant tous naturels aux même titre que les pierres, les herbes et les bêtes .
Cette participation consciente s’éveille dans l’intériorisation méditative comme dans la conscience artistique. « Sois le sculpteur de ta vie ».
L’ exercice est poétique qui joue de la conscience d’être avec, distant mais non séparé de l’arbre, de la goutte d’eau, du vent, des bactéries ou des êtres.
Pratique récréative qui invite d’abord à sentir et à ressentir.
Ainsi du jeu des animaux – ours, tigre, grue, tortue… – invite à se sentir et à bouger « comme si on était… tigre ou oiseau », la posture végétale résonne avec l’arbre ou la pousse d’herbe…
Ce dynamisme mobilise l’observation, la mémoire, l’imagination, la sensibilité et le corps.
Entrer en résonance avec l’énergie permet de lever les croyances qui nous résument à ce que l’on croit devoir être .
Faire corps c’est à dire résonner par » l’ensemble de nos facultés, de nos forces et de nos possibilités connues et inconnues » ( J-F Billeter in Notes sur Chouang Tseu)
avec la vie organique, celle du corps donc de l’esprit et jouir de la pleine conscience de cette adhésion.
C’est un art et un choix, un choix existentiel et un art de vivre !