26
mars
2009

Être là, debout

Une question me revient régulièrement. Où est l’essentiel du TaiJiQuan en-deçà des mots et des gestes, des styles et des modes. Comment cela s’inscrit-il  dans la vie quotidienne et dans le partage.

Tout compte fait, la simple posture debout s’impose comme lieu, forme et moment fondamental de l’exercice; la détente en est l’axe principal.

Tenir debout  résume la présence individuelle, le rapport à soi, aux autres et au monde. L’idée n’est pas originale, le redressement caractérise le bipède humain. Le piéton par son pied, son poids et son pas marque son empreinte, sa posture et son allure.

La CHUTE

L’attraction terrestre ramène tout au sol. On tombe sans arrêt vers le centre de la terre et c’est l’alignement sur la verticale, la rectitude qui permet la plus grande économie de moyens et la plus grande autonomie.

Les forces qui nous mettent à terre sont prises en charge par des réactions toniques réflexes mais tous les déséquilibres posturaux ajoutent une dépense d’énergie pour compenser et intégrer un défaut d’alignement.Recherchant toujours un équilibre confortable, nous vivons cependant en instabilité permanente. Ce perpétuel réajustement soutient notre vigilance.

De toute évidence, nous devons lutter pour tenir debout, même à notre insu. Le Taijiquan  invite à ne pas se raidir dans la lutte mais plutôt à accepter consciemment et finement cette chute incessante pour en recycler les effets dans un grandissement. Paradoxe yin/yang, c’est en cultivant la chute que nous soutenons le redressement.

Comment activer ces forces avec douceur et efficacité? Par l’image

Le SABLIER

La chute du sable, grain par grain se fait par l’orifice inférieur et l’empilement du sable grain par grain se fait par le fond de sorte que la vidange nourrit l’entassement. Et voilà la dynamique contrastée Yin/Yang.

La forme du contenant conditionne l’empilement. On peux poursuivre l’expérience en retournant le sablier mais, dans la posture debout, c’est la pensée qui “retourne le sablier” et fait la continuité de l’expérience. L’écoulement du sable résonne avec la détente. Cela correspond grossièrement à l’abandon des tensions superflues dans la musculature périphérique mais, plus intimement c’est une sensation d’ouverture qui suit toutes les zones de resserrement articulaire comme les chevilles, les genoux, la hanche, les étages vertébraux et costaux, les mâchoires et l’articulé dentaire.

Une vision plus énergétique prend en compte toutes les zones de passages souvent soulignées par le vêtement, zones qui sont à dénouer, délacer  ou délier. Tour de tête, col et collier, bretelles, brassières et bracelets. Tour de taille, ceintures et gaines, chaussettes et lacets. La détente ouvre le passage et la matière peut s’écouler vers le fond. On suit le protocole – d’abord l’intention…, qui suscite l’énergie…, qui active le corps dans la forme et le geste.

Et, plus encore, le processus s’active en boucle, le système s’auto-entretient car forme et geste informent l’esprit qui suscite le Qi, qui…,

Il s’agit de maintenir constant et régulier le flux de l’écoulement, la pensée choisissant tantôt la chute à la terre tantôt la remontée par empilement des grains. Le processus favorise une plongée en soi car à la détente active répond une ouverture d’esprit favorable à une attitude plus détendue devant la vie.

La détente active propre au taijiquan se fait alors mode de vie. Une philosophie du bien-vivre qui, au repos ou dans l’action, dans le calme ou dans l’urgence choisit de ne pas se laisser submerger par les effets négatifs du stress en savourant consciemment la détente  .

28
février
2009

Culture de soi, Sculpture de soi, … mais encore.

Dans le champ étendu des valeurs liées au Tai Chi Chuan, on envisage volontiers la culture de l’énergie dans la perspective du développement personnel:

Ca commence  avec soi

La pratique invite en effet à un mouvement global de retour sur soi. On part du corps et c’est par le corps et dans le corps que débute le chantier. L’approche privilégie une attention intériorisée pour ressentir ce qui encombre et fait obstacle à un accord plus serein avec soi-même.

C’est un processus : La conscience posturale permet l’abandon progressif des tensions parasites et, en retour, la détente autorise un alignement et un redressement  qui dégage le port de tête et leste le bassin. Une posture redressée et détendue ouvre la sensibilité, elle donne confiance en soi et résonne tout de suite sur la manière dont on appréhende l’espace alentour. Bien posé, on devient la référence – l’espace s’organise, on s’oriente et découvre la libre circulation. la mobilité et la fluidité des gestes réveillent un rapport dansant à la vie.

L’individu s’affirme dans la douceur et la détermination.

Mais ça avance avec l’autre

C’est ici, quand l’individu s’émancipe et rencontre les autres que prend sens la culture de soi. L’aspect solipsiste de la démarche se dépasse dans la relation. L’autonomie est le prélude à la rencontre. Cette clarification  permet l’identification et la différenciation. Contrairement aux apparences, la forme solo pré-arrangée n’invite pas à la conformité, Pas à la normalisation mais à la distinction.Pour aller vers la vie, la société et le monde, la Taichichuan étend ses principes à la relation. La détente et la confiance posturale sont la condition pour se mettre à l’écoute de l’autre. S’ouvrir, accroître sa  capacité à accueillir pour savourer et partager ce qu’il y a de bon dans la relation mais aussi augmenter sa capacité à en éviter les aspects néfastes, nuisibles ou toxiques.

Comment concilier l’ouverture et le choix de recevoir ou de ne pas recevoir.

La couleur martiale du Taichichuan propose diverses attitudes :

  • La terre – Quand l’agression est supportable, on neutralise le toxique en se connectant à l’intrus et, comme une prise de terre, on conduit à la terre les influences néfastes qui s’y neutralisent.
  • L’eau et l’air – Plus avant, Il s’agira de ne pas donner d’appui à l’agression en n’offrant pas de résistance ou en l’attirant dans le vide pour qu’elle s’annule dans l’inefficacité ou la chute.
  • Le feu de l’esprit –  retourne à l’envoyeur ses propres énergies en en recyclant le flux. Plus l’agression est sévère, plus elle frappera l’agresseur.

Ainsi, la pratique intériorisée qui peut paraître nombrilique n’invite pas, à mon sens , à un retrait du monde. Il y a une mise à distance du monde, du mondain et de l’agitation mais nul retrait.

Mais encore avec la société

Prendre soin de soi, à l’intime et dans la relation à autrui constitue une précaution capitale pour entrer dans la danse. Savoir prendre, savoir recevoir mais encore donner. Si l’individu est le niveau initial et fondamental de la relation, il conserve la puissance de  la socialisation. Dans les turbulences chaotiques de l’existence, chacun porte la possibilité de se faire noyau autour duquel s’organise le vivre ensemble. Ni le repli dans sa bulle, ni l’investissement sans distance mais un choix en accord avec ce que l’on sait et aime faire.

La culture Taichi est autant dans l’ouverture aux sciences et technologies, aux arts et aux lettres que dans la pratique méditative. Abandonner les tensions inutiles c’est aussi s’alléger des croyances qui asservissent ou justifient, des pouvoirs hiérarchiques installés et de tout ce qui ce qui empêche la jouissance d’une présence active au monde que l’on désire.

Les Ateliers de la Main Franche suivent ce fil conducteur, discret et exigeant à travers toutes les pratiques proposées comme autant d’occasions d’activer cette philosophie “taichi”.

Jean-Luc

19
février
2009

Atelier de février avec Epi van de Pol: recevoir et retourner l’énergie

Avec le désir de partager une approche plus fondamentale du Taichichuan avec les pratiquants Jiseido, nous avons invité Epi van de Pol, professeur hollandais investi depuis plus de 20 ans dans la recherche en Taichichuan. Epi propose aujourd’hui une approche réaliste fondée sur l’alignement postural et la détente.
Pratique, elle concilie l’exercice quotidien, l’approche des formes et la rencontre du partenaire en « poussées des mains » Tui shou comme en « boxe de l’ombre » san shou. Epi s’inspire de l’enseignement de feu le maître Wang shen shiang – formulé aujourd’hui par des pratiquants comme Patrick Kelly ou Wee Kee jin et de l’enseignement synthétique de Peter Ralston. L’atelier proposait 4h de QiGong pour clarifier les fondements de la pratique – l’alignement postural et la détente profonde:
  • 4h de tui shou pour la vérification de ces principes dans la pratique des poussées
  • 4h de san shou pour en étendre la validité dans le tension créée par l’idée de frappe.

Voici un aperçu des principes fondamentaux …

L’essentiel est dans la confiance en soi, stabilité, réceptivité et mobilité développée par une posture redressée, centrée, alignée et détendue. C’est alors seulement que l’esprit peut proposer un mouvement descendant dans le sens de l’attraction terrestre, que l’énergie peut ouvrir les passages pour que le corps, finalement puisse se fondre dans cette proposition. L’esprit donne le sens et la détente crée la place où le corps peut se glisser. Ce cycle éducatif est la base : l’esprit d’abord, l’énergie ensuite et le corps enfin.

Dans la détente, tout commence à la terre. La vague de détente/ouverture remonte par les chevilles, les genoux et les hanches pour remonter la colonne vertébrale.
L’esprit propose la descente à la terre, la vague ouvre le chemin en remontant à partir de la terre et le corps s’enfonce au fur et à mesure de la détente. Quand l’esprit suscite une flèche ascendante,  c’est encore la détente qui ouvre les passages en remontant vers le sommet pour que le corps remonte en suivant l’invitation de la pensée.
L’exercice fondamental sera donc l’activation de ces cycles ascendants et descendants que l’on pourra empiler en 2, 3,4,…couches afin de distiller de plus en plus finement cette qualité onctueuse.
L’important est de trouver l’image pertinente pour que la pensée puisse initier le mouvement. Comme un pendule tenu immobile se met en mouvement par la pensée, l’intention crée le mouvement.
Il ne faut pas hésiter à convoquer les couleurs des émotions pour favoriser la mobilisation de l’énergie. Entrer en contact avec une main était chaude ou glacée n’entraine pas la même réponse, de même donner un accueil chaleureux ou glacial, timide ou cordial,…
La détente n’est pas abandon et avachissement mais capacité à distiller sa propre relaxation.
Au sein de la posture, le point de chute se situe entre les pieds, à l’intérieur de l’appui pour ne pas créer un courant trop lisible dans un pied qui inévitablement se durcirait en compression. Si on veut offrir le vide, la non résistance à la force adverse, il faut chercher le vide en soi et c’est entre les pieds, dans l’indistinction de l’appui que se cache le vide.
La sensation se vivra en volume, en s’assurant que paroi antérieur et paroi postérieur se vident également sans provoquer de protrusion vers l’avant ou l’arrière. Tout déséquilibre fait perdre la liberté de pensée et asservit le corps par des tensions compensatrices.
L’image du sablier pourrait inspirer cette fonte grain par grain. Comme la mobilisation en tension est un processus spontané et irrépressible qui accompagne l’idée ou l’intention, la détente sera elle aussi un processus continu, régulier, toujours réenclenché. La détente comme principe de vie, comme choix existentiel. Essayer d’être de moins en moins soumis à la ré-action et de plus en plus libre dans l’action. Ce processus d’automatisation passe par un exercice régulier avec des repères tangibles qui permettent de sentir ce à quoi on s’entraine. La détente est comme une boussole qui permet de garder le cap de l’entrainement, le corps et l’esprit sont intimement mêlés dans l’énergie.
Jean-Luc
Février 2009
5
janvier
2009

Votre forme est-elle conforme?

De la forme et de la mise en forme en Tai Chi Chuan.

La forme

Qu’on l’appelle forme,  solo, kata ou Tao, la chorégraphie est dite condenser l’essentiel de la transmission du Tai Ji Quan. Quand on parle d’apprendre le Tai Ji Quan, on parle d’apprendre la forme mais en même temps, il est fait référence au Qi, c’est à dire à ce qui n’a pas de forme mais anime toutes les formes. Forme/sans forme nous voici au cœur de la contradiction yin/yang!

En français, la définition du mot forme propose quelques pistes intéressantes:

  • Apparence extérieure qui permet d’identifier. Ainsi, on pourra reconnaître notre style à la vue.
  • Moule , la forme est ce qui donne forme. Ce qui permet au pratiquant de prendre forme dans la pratique.
  • Réalisation concrète. C’est la mise en forme des principes du Tai Ji Quan.
  • Conformité à la norme. « En bonne et due forme »

La pratique incite à la mise en oeuvre des principes comme :

  • Valoriser la détente et non la force musclée
  • Le corps est unifié, il bouge comme un tout à partir du centre et de l’axe moteur,
  • La dynamique du mouvement s’appuie sur l’effet de tension produit par la distinction yin/yang.
  • L’esprit dirige, il mobilise le souffle qui porte le geste. L’intention se réalise dans le geste et celui-ci parle à l’esprit, il nourrit la pensée.
  • La forme naît dans les pieds, grandit dans les jambes, se condense et s’oriente dans le bassin, serpente dans l’axe vertébral et fleurit dans le geste.
  • Rechercher la stabilité dans le mouvement et la fluidité dans l’enchainement.

La forme, une fois mémorisée, devient l’expression concrète de ces principes.

La forme semble être le référent stable pour progresser dans cette culture. On se moule dans la forme, on y revient souvent, on la fait sienne et notre posture, nos gestes, notre souffle et nos mouvements sont le matériau même de cette expression formelle. La mutation alchimique fait que, en travaillant la forme c’est sur soi que l’on travaille. La nécessité de la contrainte formelle – apprentissage, mémorisation, intégration motrice, signification… ne doit pas nous cacher que ce modèle n’est pas une représentation de ce qu’on doit être ou connaitre mais un langage qui parle à l’esprit. La forme n’est pas exhaustive, on n’a pas fini avec le Tai Ji Quan quand on connaît la forme. L’expérience est gestative, elle nous fait naître à d’autres niveaux. La lenteur, l’immobilité ou l’équilibre ne sont pas des fins en soi, ils sont adaptatifs, ils permettent l’intégration et la disponibilité au mouvement de la vie, et pas seulement à la santé qui n’est qu’un préambule utile à l’enthousiasme. La forme véhicule une information et chaque séquence de la forme est une formule condensée des principes à mettre en oeuvre.

On peut dès lors:

  • Travailler la littéralité : Répéter la formule, la mémoriser dans son corps et laisser venir les sensations
  • Travailler le fond : Répéter la formule, la mémoriser dans un geste sur fond de sensations, d’émotions reconnues et d’activation intentionnelle.
  • Travailler le creusement : répéter la formule, la questionner dans le mouvement, la vérifier dans le moment, la développer dans ses variations et ses applications.

Cependant, la transmission formelle n’est pas un absolu, un trésor figé au-delà de toute interprétation. Au contraire, l’expérience est toujours inachevée, le pratiquant n’est jamais autant lui-même que lorsqu’il est en train de s’inventer. La forme est idée et technique, elle est un réservoir de possibles offert à ceux qui la fréquente. Trois vibrations remarquables s’unissent dans la pratique: Le corps, le souffle et l’esprit. Le corps est là, au départ, il est animé par le souffle et par l’esprit.

Seul

Le Qi Gong est l’art de pétrir pour mêler harmonieusement et intimement corps, souffle et esprit. Le TaiJiQuan prend le pari audacieux de développer la vitesse par la lenteur et la force par la douceur et la souplesse. Avec lenteur et douceur, l’affinage travaillera sur la disponibilité et la sensibilité. La disponibilité invite à lever les obstacles qui s’opposent à une libre expression. Raideurs, crispations, mollesse ou débilité. La sensibilité invite à l’éveil des sens, ouverture à la réception – accepter de sentir et de ressentir, et acuité de la perception – discrimination fine et acceptation de l’observation.

Deux formules nous invitent:

  1. L’individu est concerné dans son ensemble : Qu’on entre en mouvement ou en suspens, c’est avec tout le corps, toute sa sensibilité et son intelligence. On bouge à partir de l’intention et du noyau moteur et de l’axe  central. Toutes les parties (particules) du corps sont reliées entre elles et l’énergie (sensation et activation) se faufile et s’enfile sans perdre le fil. Le corps cellule par cellule sera parcouru par une onde qui part de la terre en s’expansant ( Peng) et fait retour à la terre pour se régénérer (Lu).
  2. L’air a la présence de l’eau. On sent la résistance opposée par le milieu, sa portance et l’inertie des corps déplacés. C’est comme si immergé jusqu’aux épaules, on poussait et tirait une énorme grume de bois flottant. Il faut d’abord vaincre la résistance de l’eau pour mettre le tronc en mouvement mais, une fois qu’il s’ébranle, il continue sur sa lancée et il faut très tôt mettre en jeu les forces opposées pour contrôler son inertie et ne pas le perdre. Ainsi, des suites musculaires complexes, agonistes et antagonistes sont activées dans une intrication d’étirements et de compressions sur le principe de l’élasticité et de la résilience. Un élastique étiré a tendance à revenir à sa longueur initiale de même qu’un ressort ou un ballon comprimé restitue la force emmagasinée.

D’autre part, le contact fluide de l’eau éveille la sensibilité tactile point de départ de la sensation énergétique. Ainsi travaillée, la forme concilié l’activation de l’esprit qui propose une image, une idée, une ambiance et suscite l’énergie et la sensation qui porteront le geste. Le corps répond en sensations, émotions et réactions, libérant des énergies inhibées par une tension toxique.

Corps, souffle et esprit sont réunis dans un coktail euphorisant, source de plaisirs partageables.

A deux

Une autre dimension essentielle de l’art est l’adéquation de l’action à la situation. La culture martiale affûte cette efficacité dans la rencontre de l’adversaire. Le Tai Ji Quan propose 2 niveaux:

  1. Le tui shou codifié et libre permet de vérifier les qualités développées en les mettant en jeu face au partenaire. Détente, souplesse, cohérence sont questionnées par la présence émouvante de l’autre dans une co-opération où les deux acteurs s’offrent leur justesse et leur vulnérabilité.
  2. Le san shou agit de même mais puissance et vitesse obligent à saisir le bon moment. Pieds et poings, frappes, poussées, clés et projections peuvent entrer en lice suivant l’option choisie par les pratiquants. L’urgence dévoile des émotions cachées qui sont autant d’entraves à la pleine jouissance de soi.

Les séquences formelles s’ouvrent sur un répertoire gestuel insoupçonné en variant les distances, les vitesses, les angles et les combinaisons nées du génie d’un corps/souffle/esprit libéré.

Conclusion

Voilà que la forme se fait laboratoire et mise en chantier. La forme est changeante, elle se déforme, se réforme et se conforme. Nous sommes complexes, poussés par des forces de croissance et pressés par la pesanteur, nous sommes contenus dans des enveloppes physiques; agis par des forces instinctuelles et contraints par des forces culturelles, tendus par des aspirations  et retenus par des croyances, nous sommes aussi emballés dans des enveloppes psychiques . Wu Wei, pas d’agitation, pas d’activisme mais rester branché à la force sans force, à la détente qui surpasse la crispation,  à la dynamique des transformations qui seules perdurent. La confiance dans les principes de douceur associant élasticité et plasticité, franchise et sensibilité permet de se lancer seul dans  une danse de l’énergie, une forme libre, naissant de l’esprit du moment. La bonne forme s’enracine dans l’informel. La posture ne sera pas une imposture, mais une forme  accordée à soi, avec justesse et goût, dans la simplicité des contraintes physiques mais, par la puissance de l’esprit, la codification de la transmission formelle pourra favoriser l’émergence d’une personnalité empreinte de responsabilité et de disposition inventive.

Faut-il préciser que ce regard qui peut être choquant pour l’esprit formaliste ou déroutant pour le débutant prend en compte le processus, le développement au fil du temps. La maturité vient dans la pratique où les différents âges de la vie offrent l’occasion d’apprendre et de savourer autrement.

Jean-Luc Perot

5
janvier
2009

YangJia Michuan Taichichuan con JeanLuc Perot

ARCHIPIÉLAGO TAI JI

Tengo la convicción de que el Tai ji quan es como un archipiélago, como un conjunto de islas que, juntas, forman una tierra donde se puede vivir.

QI GONG

Es la isla mayor. Trata de afinar la sensibilidad desde el cuerpo físico hasta el cuerpo energético. Entender el funcionamiento, la fisiología energética, en el sentido de integración del yin/yang (aspectos contradictorios que hacen dinámico el tai ji).

(aspectos contradictorios que forman la dinámica del tai ji).

El circuito desde el espíritu : la intención, la propuesta, la idea, las imágenes, la poesía …. que van encendiendo el Qi (activación, sensación, energía…) hacia el gesto (movimiento, acción…), lo cual activa el pensamiento … y así continuamente, de forma cíclica.

Nos entrenaremos en la lectura de los lugares de concentración, las corrientes y las bisagras (chakras), la columna vertebral, la sensación del campo energético. Al mismo tiempo clarificaremos nociones como el espacio (centro, ejes, planos, orientación, direcciones y sentidos).

LA FORMA

    La Forma básica del estilo Yang Jia Mi chuan Tai ji quan, llamado

corrientemente Las 13 Posturas (Secuencias) o Shi san Shi, compuestas de:

  • 8 tácticas : peng, lü, ji, an, cai, lie zhou, kao
  • 5 pasos : centro y direcciones cardinales

Con esto, todos los ingredientes fundamentales aparecen aquí de manera simple, de acuerdo con los principios tai ji – yin/yang.

La postura : soltar y construir (todo el cuerpo distendido y abierto) ; centro y eje central, los polos (cabeza y pies).

La calma en medio del movimiento y el movimiento en medio de la calma.

Se mueve todo el cuerpo y la energía continúa de principio a fin, como si estuvieras tejiendo con un hilo de Qi  que jamás se rompe.

La ejecución de las secuencias con la sensación de llevar la bola de Qi que hace de la práctica la prolongación dinámica del Qi gong. La lógica energética y la lógica marcial (técnica) se reúnen en la Forma.

LA FORMA A SOLO O/Y EN GRUPO

Apertura – 3 secuencias o partes – Cierre – Coger el tigre, volver a la montaña – Final.

1ª Parte : Peng, lü, ji, an – Coger la cola del pájaro. Direcciones cardinales.

2ª Parte : Cai – paso adelante cepillando las rodillas – tocar el laúd. Direcciones cardinales.

3ª Parte : Cai, lie, zhou, kao – La cigüeña despliega las alas – Hacia atrás : peng, lü, ji, an. Direcciones diagonales.

DUO – TUI SHOU

  • Siempre ejercerse con el fin de transformar a la pareja de entrenamiento hacia lo mejor de sí mismo.
  • Principio de realidad : averiguar tus propias sensaciones y tu eficacia.
  • Soltura – Lo lleno / lo vacío – Equilibrio – Enraizamiento.
  • Escuchar y seguir.
  • Ejercicios básicos : son unos ejercicios preestablecidos para inculcar la buena forma, la buena reacción y la buena sensación.
  • Ejercicios educativos sobre la aplicación de los principios Tai ji.
  • Ejercicios más libres, donde cada uno trata de hacer lo mejor y ofrecérselo al otro.

    JEAN-LUC PEROT

9
novembre
2008

Los cuatro tiempos del cuerpo – en España con Jean-Luc Perot

QI GONG « Seis actitudes frente a la vida»

Esta secuencia la recibí en un curso del doctor Yayama en el año 2002, para afinar la disposición mental en la práctica de su Qi Gong.

  1. Acoger. La gratitud, aceptar el tiempo que viene y se va : abrir los brazos.
  2. Ofrecer. El amor solar, irradiante : dar, adelantar las manos.
  3. Autocuración. Cuidar de uno mismo, aceptarse sin remordimientos ni arrepentimientos: los brazos cruzados descienden desde la cabeza para limpiarse de esos parásitos o interferencias.
  4. Evolución. Confianza en la progresión positiva del entrenamiento y en la evolución de la vida : los dos brazos suben delante y arriba.
  5. Universalidad. Abrirse al tamaño universal de la aventura : los brazos describen un círculo de abajo a arriba, hasta encima de la cabeza.
  6. Creatividad. Estar consciente de tu propio papel en la creación : las dos manos unidas suben hasta lo más alto siguiendo la corriente central.

Convencido de que la eficacia del Qi Gong está en nuestra manera de mirar a la vida, se me ha impuesto la necesidad de profundizar en el sentido de esos gestos.

He aquí una interpretación de ahorita siguiendo mi propuesta de los cuatro tiempos del cuerpo :

1 y 2. Cuerpo físico y orgánico : El tiempo físico nos sitúa en el planeta Tierra, materia sometida a la atracción terrestre, a la forma en el espacio/tiempo y a la vida. El tiempo orgánico nos considera como un cuerpo integrado en el cual cada parte, cada trozo está conectado con el Todo vía la sangre, el aliento y la mente. De pie, firme en la Tierra con un tropismo solar y un respaldo posterior con un apoyo consciente en sus propias espaldas. Conteniendo la expansión de la pared anterior (abdomen y caja torácica) la respiración, en su proceso mecánico, nos hace sentir cómo la presión sube desde el fondo (perineo) de la pelvis hasta la nuca y el cráneo. Eso nos permite, por una parte, construir una postura alargada subrayando su componente neumática y, con el mismo mecanismo, poner un acento más claro sobre las bisagras (referidas a la colocación de Chacras) usando la cualidad plástica de los tejidos. Es lo que llamo el “efecto globo” : si apretamos un globo de goma desde un lado, se expande el otro lado. Por otra parte, esto también nos permite seguir con el movimiento de los brazos y manos el nivel de la expansión intracorporal.

3. Cuerpo energético : Somos un todo, un complejo sistema abierto que vive de intercambios disipando la energía recibida en el mero hecho de vivir.

  • 1 y 2. Son el paso inicial y fundamental, dar y recibir, abrir los brazos para dejar fluir la energía saliendo y entrando sin estancamiento ni pérdida. Acoger la vida y dar a la vida.
  • 3. Cuidar de uno mismo. El descenso de las manos conduce a la Tierra todas las interferencias nefastas. La Tierra, en esta acepción, es el humus, la materia térrea que puede reciclar todos nuestros gastos.
  • 4. Andar con la vida que nos invita a la transformación, a la mutación y a la continuación. Ánimo y adelante. Crecer es aceptar el cambio, la evolución. La muerte se hace parte de la vida.
  • 5. No podemos mirar hacia nosotros sin entender que estamos incluidos en la vida de la Tierra, es decir, en nuestra Sistema Solar, formando parte del cosmos ; y más allá del universo, evolucionando desde hace unos 15 millones de millones de años hasta hoy.
  • 6. Y eso nos invita a tomar en conciencia la unicidad de nuestra presencia y la creatividad que nos hace vivir de una manera única. Cada uno es esencial en este sentido.

4. El cuerpo filosófico : Se apoya sobre los 3 otros y será enunciado de forma personal por cada uno de nosotros.

  • 1- Abrir los brazos resuena con plena receptividad. Una disponibilidad humilde a lo que ocurre para dejarse fecundar y despertar una adaptabilidad al cambio.
  • 2 – Dar sería implicarse, meterse en la vida , participar con confianza y esperanza de lo mejor, puesto que este compromiso amoroso tiene que ver con el poder del Sol.
  • 3 – La abertura implica una visión realista de nuestra situación para aclarar lo que nos nutre y nos hace crecer, lo que nos hace daño y lo que optimiza el placer de vivir. Aceptar nuestra vulnerabilidad como oportunidad para aprender y no para victimizarse ante lo poco de libertad que nos deja nuestra vida.
  • 4 – Ni pesimista ni optimista, sino un sentido trágico de la vida. El deseo de aprender y la confianza en la evolución nos permite seguir adelante con flexibilidad y un apreciado sentido del humor. Para cambiar (mutar) hay que intercambiar sin parar de caminar.
  • 5 – La armonía viene de la conciencia de mi participación en el Todo : soy una célula de un organismo gigantesco , universal y cósmico; una conciencia biológica, ecológica y humanitaria. Una conciencia humana ensanchada por el aprendizaje de las leyes de la vida en el campo relacional.
  • 6 – La humanidad espera que yo sea como Yo, con coherencia entre lo que pienso, lo que siento y lo que hago. La creatividad es natural, cada uno vive en una fórmula inédita. Haz lo que hagas, no se trata de cambiar el mundo sino de crearse a uno mismo. La verdadera subjetividad nos permite relacionar y compartir con otros.

Jean-Luc Perot

Febrero del 2008

2
novembre
2008

La transmission du TaiJiQuan

Tradition contre traditionalisme.

Petit propos provocateur et pacifiste.

D’abord, il y a la manière chinoise de dire que le TJQ est un art vénérable. Don fait par le Ciel à un empereur lié au nord et à la nuit … Intuition sublime face à l’affrontement du serpent et de l’oiseau… Un sage venu de l’Inde, des moines guerriers, des héros justiciers…

Tout un langage codé où se répondent les nombres, les éléments, les images et les couleurs dans la vision organique de la tradition chinoise au gré des milieux et des époques. Option métaphysique, symbolique, légendaire, médicale, sexuelle, une transmission vivante et changeante en accord avec les époques. Le Dao à mille portes, chacun la sienne. Ensuite il y a le piège d’une traduction littérale, péché traditionnaliste qui fige le message en dogmes et vérités, règles et lois.

Le TaiJi devient l’UN absolu et tout puissant, la vérité ultime – Ne cherche pas à comprendre, c’est vrai puisque les Anciens l’ont dit – travaille petit débutant !

Le TaiJiQuan est alors un trésor, un répertoire de gestes et de silences sacrés, à copier fidèlement avec l’espoir d’arriver un jour à la sagesse des sages.

Extinction du feu de l’esprit, domination des mots et des images toutes faites. Du prêt-à-porter, déjà pensé et formulé à l’usage du profane. Vision hiérarchisée, programmée de la progression où l’expérience réfère davantage à avoir de l’expérience qu’à faire une expérience. Un rapport de domination stable s’installe entre les « initiés » détenteurs de pouvoir et les « inhibés » demandeurs de pouvoir.

C’est la version institutionnalisée de la tradition, le message est perverti, le transmission ne porte plus sur l’inexprimable, le vide et la question mais sur le discours, l’emballage et la réponse.

De l’autre côté, la version révolutionnaire.

Le regard se déplace du sommet vers la base, de l’objet vers le sujet, du maître vers l’élève et de la transmission sur la réception.

C’est là que s’exprime le mieux la vertu de l’exercice où le désir fonde l’engagement. Il ne s’agit pas de récuser le travail des Anciens : Au contraire, se mettre dans leurs traces, monter sur leurs épaules, retrouver l’innocence où l’expérience du monde passe par l’expérience de soi.

L’invention de soi.

Aventure de toute la vie où l’on rencontre le sauvage « le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui », autant de montagnes à gravir, de tigres à chevaucher, d’ailes à déployer et d’offrandes à adresser à l’immortel.

Dans l’invention de soi, Il y a d’abord l’idée de venir à soi (in-venire), en soi ou vers soi c’est à dire faire une conversion, un retournement des sens de l’extérieur vers l’intérieur sans se laisser distraire par le brillant, le bruyant et le payant.

Ambiance de méditation, de concentration ou de réflexion bien évoquée par le verbe – se recueillir à l’infinitif; se cueillir sans cesse.

Il y a ensuite un travail d’inventaire, décapant comme le vitriol des alchimistes. Visite Interioram Terrae Rectificando Invenies Auris Lapidem Veram Medecinam. Distinguer et trier avec une conscience plus claire ce que l’on garde et ce que l’on abandonne dans tout ce qu’on a l’habitude de considérer comme soi ou comme sien parce que allant de soi, depuis toujours. Exercice difficile, enfermé que l’on est dans les idées toutes faites, dans les comportements automatiques parce que enregistrés très tôt et valorisés par le milieu qui nous a vu naître.

Enfin il y a invention, acte d’imagination où l’on combine de manière inédite les éléments de notre vie. C’est le propre de l’homme.

Créativité de l’artiste qui à l’intérieur de la contrainte formelle exprime sa manière de vivre et de faire vivre la forme avec assez de conformité pour jouer en concert avec les autres et assez d’originalité pour en faire une œuvre renouvelée.

Emergence d’une personnalité où l’on peut voir à l’œuvre la puissance unifiante de l’esprit qui circule de l’intention à l’action en mobilisant les souffles et la sensibilité . Image fécondante pour celui qui regarde et se sent invité à participer.

Tradition en mouvement contre tradition figée

C’est la disposition d’esprit de l’élève qui fait se lever maîtres et adeptes au gré de leurs rencontres et qui nous rend compagnons dans la Vie.

Jean-Luc Perot

8
octobre
2008

YangJia Michuan TaiChiChuan en España con Jean-Luc Perot

En Madrid

Paco CARACUEL tel : 609 887744 – 91 528 86 01 : pacochuan@telefonica.net

En Oviedo

Ignacio MORIYON : info@3armonias.com (www.3armonias.com)

En Extramadura

Centro LALITA Valle del Linar 10857 Acebo : info@lalita.net (www.lalita.net)

Escuela : La Main Franche

Jean-Luc Perot – Tai Chi Chuan Yang Michuan

Sobre el Contenido

Tengo la convicción de que el Taichichuan (TaiJiQuan) es como un archipiélago, conjunto de islas distintas que juntas, forman una tierra donde se puede vivir.

Qi Gong

Es la isla mayor. Afinar la sensibilidad desde el cuerpo físico hasta el cuerpo energético – entender el funcionamiento (la fisiología energética) en término de integración dinámica del yin/yang, aspectos contradictorios que hacen el Taichi.

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7
octobre
2008

Soufle, rythme et voix diphonique

Notre ami Dirk Reinsdorf que beaucoup connaissent bien par le taichi tango et bâton long, serait d’accord pour reprendre des ateliers sur le souffle, le son, didjereedoo et voix diphonique avec un groupe à Namur. Donc si cela vous tente, veuillez me le signaler afin de réunir un petit groupe et proposer des dates d’atelier.

Merci, Jean-Luc

14
septembre
2008

La pratique du Tai Chi et le Stress

La rentrée, c’est le moment des bonnes décisions alors, voici un petit encouragement à se lancer avec l’envie de s’y remettre, le désir de changer, le besoin de se retrouver, …

Sous l’appellation stress, se cache le manque d’enthousiasme pour un quotidien surchargé ou l’indolence face à la lassitude des jours. Une activité physique régulière et organisée comme le Jisei Taichichuan offre une réponse naturelle à ce manque à vivre.

En effet, le Jisei Taichichuan, permet d’apprendre à reconnaître les tensions parasites, à accepter le sourire qui fait fondre les crispations et de laisser sortir ce qui encombre le cœur et la tête.

Le Stress, une histoire banale

L’excès d’information que l’on ne peut gérer, la performance qu’exige la réussite, l’incertitude du lendemain, les besoins réprimés, les désirs insoupçonnés, le peu de satisfaction et de plaisir inhibent notre capacité naturelle à agir et réagir. La tête et le cœur s’alarment, les défenses sont convoquées mais ne pouvant se résoudre dans l’action, elles s’impriment en tensions qui brident le mouvement : on est mal, on bouge peu ou mal et on compense en consommant plus.

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