9
février
2011
Rapide, économique et simple, la chute ouvre un champ d’exploration Tai Chi.
Les terriens
Nous vivons sur terre « comme des poissons dans l’eau » sans penser à l’air que nous respirons, à la pression atmosphérique qui nous pèse sur la tête et à l’attraction terrestre qui nous attire vers le centre de la terre.
Nous tombons sans cesse et le sol arrête notre chute en nous donnant la sensation de poids.
Nous sommes des êtres de chute au sens premier du terme. La chute libre nous est naturelle et tenir debout est un acte de résistance obstinée. La fatigue et le vieillissement nous ramènent à la terre, nous tombons jusqu’à la tombe. Humblement, l’humus nous attend pour nourrir de nouveaux élans.
La détente
Comme nous sommes forcément très attachés à la terre, le plus simple, le plus confortable et le plus sage est de l’accepter pleinement et de se détendre. Vivons heureux en regardant la vie, quand la mort sera, nous ne serons plus.
Le fait de se sentir bien, d’être bien dans son corps implique la gravité qui participe directement à la conscience de soi. Nous sommes graves, pesants et lourds mais cela n’empêche pas d’être joyeux.
La détente, l’abandon des tensions superflues sera le conseil récurrent de la pratique Tai Chi. Pas de ramollissement amorphe mais au contraire, le maintien d’un projet, d’une forme tendue vers un devenir, une invitation au voyage allégé des bagages inutiles.
L’exercice de la détente est sans fin, toujours remis en chantier par la persistance de tensions résiduelles acquises et par l’apparition de tensions renouvellées par les projets et les craintes.
La chute libre est un thème utile pour une détente plus profonde impliquant le système musculaire et son contrôle cortical et partant, une disposition mentale accueillante à l’égard de la vie.
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Publié par Jean-Luc dans Articles de référence
Mot(s) clé(s): chi, chuan, chute, détente, efficacité, Posture, shou, tai, tui
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1
février
2010
On est parti d’une réflexion sur la détente, abandon des tensions parasites pour arriver à la notion d’une tension harmonieuse, c’est à dire un détente active qui accepte l’usage d’une force bien dosée répartie sur l’ensemble du système.
Le troisième temps de cette réflexion met l’accent sur la continuité corps/esprit dans l’équilibre tension/détente. Sans corps, pas d’esprit et, sans esprit pas d’humanité .
La culture Tai Chi se réfère explicitement au cycle – intention / énergétisation / action où l’intention suscite l’énergie qui elle, porte le geste qui lui, libère la pensée. La pensée libérée, rendue disponible pour un retour sur le résultat, engendre une réflexion puis, une autre intention et ainsi de suite. Plus on fréquente cette dynamique d’achèvement du cycle qui va de l’intention à l’acte, plus l’agir devient efficace pour devenir progressivement une manière d’être et de se comporter dans l’existence. On verra ainsi se conjuguer:
- Un premier temps, très pragmatique, qui incite à clarifier l’intention, à la simplifier et la préciser. On parlera de centrage plus que de concentration. Choisis ce que tu veux, évite ce que tu ne veux pas et fais ce que tu fais!
- Un deuxième temps nous disant : écoute, sois réceptif à l’énergie. Réveille tes sens! Sentir et ressentir pour tirer davantage du presque rien quotidien. Les sons, les goûts, les couleurs, les odeurs, les textures, la chaleur, les présences,…tout est dans la nuance et rien n’est sans effet. La jouissance de soi invite à se réjouir! La pensée laisse sa trace dans le corps. Comme c’est beau, comme c’est bon, comme c’est doux!,….autant d’occasions de laisser résonner les effets d’une pensée de la jouissance heureuse.
- Un troisième temps incite à la curiosité. Apprendre pour comprendre et cultiver l’interrogation. Hors de notre portée immédiate s’organise le monde. Si le trop grand, le trop petit ou le trop complexe arrivent à nous par la techno-science, c’est surtout par l’intelligence partagée avec tous ceux dont on procède que l’on y a accès. Curiosité rime avec créativité. Découvrir les autres qui ont imaginé, inventé et composé des oeuvres inédites, inouïes et impensées. Mais découvrir aussi notre propre créativité source de création et de recréation.
Le devenir est toujours en mouvement dans le processus de vieillissement. Mais Il s’alimente du suspens dans le processus de rajeunissement. Suspendre l’agitation pour rencontrer la différence, l’inconnu, l’ailleurs ou l’autrement et découvrir le plaisir de l’autre.
Penser prépare ou inhibe. En ressentir physiquement les effets c’est accepter l’émotion et commencer à lire l’histoire de sa vie. Vaste proposition qui invite à laver ces yeux qui semblent regarder le monde alors qu’ils y projettent notre entendement et notre représentation. Il convient de reprendre l’aventure oubliée, celle de l’enfance et de notre construction mentale. On se réserve le droit d’inventaire des idées reçues, des a priori et des croyances qui bornent notre horizon. On interroge le socle culturel sur lequel s’est bâti notre perception: Qu’avons nous implicitement accepté et enregistré comme idée du monde?
Observateurs et acteurs, nous sommes pleinement embarqués dans l’aventure qui crée notre monde «à notre image». La détente réactive la capacité à suspendre le mouvement pour inventer c’est-à-dire pour revenir à soi et en soi, faire l’inventaire et imaginer d’autres issues. Exercice perpétuellement inachevé, le processus fait encore et toujours appel à la détente. L’abandon des fixations inutiles est toujours d’actualité car chaque idée engendre sa logique et l’idéologie, la logique d’une idée impose des crispations et des arrêts là où il est préférable de fluidifier.
Une philosophie du bien-vivre. Le plaisir d’être là, est en rapport avec notre ouverture d’esprit. La tension harmonieuse nourrit la sensibilité et accroît la sensualité. La jouissance est à l’honneur : Se libérer ou tout au moins s’alléger, choisir d’être heureux pour partager son plaisir avec qui le peut et qui le veut.
Cette proposition hédoniste invite au choix, non au retrait du monde, à la conscience éclairée et non à l’extinction de ses désirs.
Détente et tension harmonieuse n’invitent ni à subir par mollesse ni à dominer par stratégie mais, tout à la fois, à suivre et conduire son attelage pour aller avec plus de lucidité paisible et amoureuse.
Publié par Jean-Luc dans Réflexions personnelles
Mot(s) clé(s): chi, détente, Energie, Qi, tension
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14
juin
2009
Soyez «Zen»!
“Détendez-vous, Soyez mois contracté, prenez le temps de vous relaxer!“ Invitations tellement familières que l’on entend et croit comprendre sans pour autant savoir comment faire.
L’idée qu’on s’en fait
Tension et contraction évoquent a priori des dynamiques opposées mais dans les deux cas, on comprend qu’il y a quelque chose à lâcher ou relâcher. La contraction insiste sur le resserrement. On réduit la longueur ou le volume en rapprochant les extrémités. On peut avoir les traits crispés, la gorge et le cœur serrés. On pense au muscle qui une fois resserré n’accepte plus d’être étiré.
La tension elle, étend en éloignant les points d’attache ou en augmentant la force d’étirement. On y sent l’effort. On tend la corde d’un arc pour augmenter sa puissance, on tend la corde d’un instrument pour le rendre vibrante, un style d’écriture peut être tendu de même qu’une relation humaine. Le nerf, initialement désignait le muscle et son tendon tels qu’on les distingue maintenant – on avait les nerfs tendus et on réagissait à la moindre pression.
Notre fonctionnement
Nous vivons de la relation et la contraction musculaire est la réponse physiologique à la pensée ou à l’émotion. Mouvement volontaire, réflexe ou réaction végétative, le système nerveux s‘exprime par la contraction. Mais le langage normal de l’action est contraction/action/relâchement.
C’est la perturbation de ce fonctionnement qui fait que l’on reste tendu.
Il ne s’agit donc pas d’abandonner la tension (mort) mais de l’ajuster. Une tension résiduelle, une contraction inutile, un état d’inquiétude, une susceptibilité, une irritabilité, une hyper réactivité,…Autant de degrés pour décrire l’état de tension. Comment faire? Tension et détente sont des processus intriqués qui se répondent incessamment. On n’est pas tendu ou détendu une fois pour toutes. Alors?
Se rendre compte de l’état de tension
La détente commence souvent par la prise de conscience. Car même quand on en souffre, on ne se rend pas spontanément compte de notre excès de tension. On vit avec, on a l’habitude, c’est comme ça, tout le monde est ainsi dans ma famille,…
La prise de conscience prend ses repères dans la sensation. Il faut en faire l’expérience.Douleur, restriction d’amplitude, crispations, déformations et déviations posturales sont des signes de tension et Il faudrait y ajouter le tableau des réponses neuro végétatives qui signent l’excès de stress non résolu. douleurs articulaires, haute tension artérielle, émotivité, contractions, spasmes,…
… et se donner les moyens de l’ajuster
- A l’écoute de la détente, on perçoit de la lourdeur et de la chaleur, des picotements peut-être, la respiration s’approfondit et on se met à bayer.
- Une contraction volontaire suivie de son relâchement permet de mieux identifier et savourer la décontraction.
- Les étirements progressifs augmentent la sensation musculaire; on identifie le trajet, les points d’attache des muscles ainsi que leur action spécifique ou encore, la suite de muscles étirés dans tel ou tel geste.
- La mémoire pour évoquer les bons moments où l’on a respiré la détente.
Instants de bonheur, moments de félicité insouciante,… Le bonheur est tout près mais, inconscient dans l’expérience, il faut une légère distance pour en identifier le passage. Détente une fois le besoin soulagé, l’effort récompensé ou le conflit apaisé mais aussi détente de la sieste et du rire, d’une pause méditative à l’odeur d’herbe fraîche dans les premiers soleils, jouissance de tous les petits et les grands plaisirs,…
Ce qui était tendu par le désir, l’effort ou la fatigue est détendu par la satisfaction. Soyons satisfaits! La peur et l’insatisfaction stagnante nous crispent.
Comprendre les mécanismes
L’expérience se complète par la connaissance et la compréhension des mécanismes mis en jeu dans l’adaptation et la réponse au stress.
Face à une demande, l’organisme se mobilise pour l’action. Il met en branle la chimie propre à la réponse musculaire: activation de la respiration et redistribution de la masse sanguine, augmentation de la disponibilité en glucose,…et, en fonction des mouvements nécessaires le muscle sera plus ou moins tendu, prêt à répondre à la situation.
C’est un système interne au muscle ( le fuseau neuro musculaire et la boucle gamma) qui ajuste ce tonus pour répondre par des mouvements rapides ou lents, courts ou longs,… L’action passée, la demande satisfaite, on s’apaise et revient au régime ordinaire.
Toute situation nouvelle, inconnue ou reconnue comme difficile – risque d’échec, peur d’une sanction ou transgression de l’interdit- nous inhibe. Elle nous empêche d’agir et donc de résoudre le stress dont les effets négatifs s’accumulent et s’inscrivent «en dur» dans notre posture, notre fonctionnement et notre comportement.
Une stratégie de bien-être
Se détendre c’est aussi une philosophie du bien vivre; on cultive la satisfaction profonde, l’émerveillement et la curiosité devant le vivant.
En effet, si le système réflexe gère silencieusement les contractions propres à maintenir l’équilibre de la posture, le conscient et le subconscient gèrent aussi la sensibilité neuro-musculaire qui influence directement le tonus musculaire de base. La disposition intérieure résonne ainsi sur la “susceptibilité” du système.
Et c’est aussi AGIR.
Agir car la détente active n’a rien du refuge dans l’indifférence ou de l’extinction du désir. Pas d’agitation et pas d’activisme mais une action ajustée en relation avec la satisfaction et la résolution de la tension. Evitement intentionnel, affrontement décidé , négociation conflictuelle ou inhibition très passagère, les stratégies de la réponse au stress sont connues, il s’agit de les mettre en oeuvre en gardant le cap de la détente qui libère l’action efficace.
Tout un programme, toute une culture où le Taichichuan joue pleinement dans l’harmonisation des tensions et le plaisir partagé.
A suivre… « l’harmonisation des tensions et la construction du corps énergétique»
Jean-Luc Perot
Publié par Jean-Luc dans Réflexions personnelles
Mot(s) clé(s): bien-être, chi, chuan, détente, harmonisation, tai, tension
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