18
octobre
2010
Le paysage TaiJiQuan se construit sur la référence au Qi et à la dynamique yin/yang. Tout comme il est insatisfaisant de chercher à traduire en français le nom TaiJiQuan , il est tout aussi illusoire de trouver une traduction satisfaisante au terme Qi Gong. Mais, en fin de compte, peu importe, il est plus utile de préciser ce que l’on entend et propose sous cette appellation d’origine chinoise. Partant de la traduction usuelle de Culture de l’énergie , je propose de situer la pratique dans une perspective éducative. Reprenons pas à pas.
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Publié par Jean-Luc dans Articles de référence, Réflexions personnelles
Mot(s) clé(s): chi, chuan, Energie, gong, perspectives, Qi, réflexion, tai
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7
juin
2010
Le Tai Chi Chuan aujourd’hui est-il un art martial ?
Il est bien malaisé de répondre catégoriquement à la question. Certains choisissent clairement d’abandonner l’idée martiale et pratiquent une gymnastique de santé ou une danse où se cultive l’énergie selon la perspective d’une tradition chinoise dite taoïste. La difficulté vient de ceux qui optent pour l’art martial mais ne peuvent en définir les contours et les implications.
Essayons d’éclairer le propos…
Si Mars est bien lié à l’art de la guerre
on ne peut que sourire de la lenteur, de la douceur et de l’imagination de ceux qui jamais ne se vérifient dans l’affrontement. Aller au combat invite à se forger un corps et un mental capable de tenir le choc. Il faut se renforcer. Savoir clairement ce que l’on veut et être prêt à s’exercer assidument. Qui dit force dit muscles et ossature, sang et souffle, coordination neuro-motrice et entraînement. Mais, là où le sport invite à se construire dans la performance – plus lourd, plus vite, plus loin – le Tai Chi Chuan valorise l’exercice interne.
Exercice interne, Qi Gong, qu’est-ce-à-dire ?
Le concept d’énergie ( Qi) ne sépare pas le souffle du sang et de la globalité du corps mais la culture de l’énergie (Qi Gong) y ajoute la pensée c’est à dire, la représentation imagée de ce que l’on veut faire et l’écoute c’est à dire, l’éveil d’une sensibilité consciente pour sentir et ressentir. Ici, la résistance est imaginée en même temps que le mouvement et, plus elle est importante, plus l’effort est conséquent!
La formule est intelligente. Pas de matériel, pas de tenue, pas de lieu spécialisé. Une détermination tranquille et une concentration souriante pour « allumer » les circuits sensori-moteurs qui portent le geste intégré. Une ligne à haute tension qui court de l’appui au sol à la main qui agit, de la profondeur de l’os jusqu’à la peau en passant par tous les rouages mécaniques et énergétiques où la force prend appui.
Toujours, on soigne la détente en relâchant l’excès de tension, toujours on cherche l’allongement en éloignant les insertions et toujours on intègre l’action locale à la globalité de la posture. Peu d’effort musclé et beaucoup d’effet. On sollicite non seulement la suite musculaire qui fait l’action mais aussi celle qui s’oppose à l’action et on joue de l’alternance et de la coïncidence ( la dynamique Yin/Yang) des actions contrastées ( tirer/pousser, étirer/concentrer, lever/abaisser,…). Peu de déchets métaboliques et pas de fatigue profonde avec, au contraire, une transpiration salutaire et une sensation tonifiante.
Si la lenteur est nécessaire pour construire la robustesse et faire le geste plein, l’expression peut être explosive, libérant dès le départ une grande énergie sur une courte distance.
La pratique martiale de Tai Chi Chuan , au sens plein du terme, associant lenteur et vitesse est peu répandue. Elle se construit sur les différents 3 registres usuels de l’entraînement :
- Les QiGong statiques et dynamiques; une ou des formes condensant le répertoire gestuel
- L’exercice en duo/duel, de « la poussée des mains » tui shou au san shou, forme libre de combat associant les percussions, balayages, prises et projections. Dans cette orientation, il ne suffit donc pas de pratiquer la poussée des mains en douceur ou en force, de faire des applications d’auto-défense pour justifier les séquences formelles ou de développer des forces inusitées par le Qi Gong pour se qualifier de martial.
- Seule l’expérience du combat libre inculque cette science du combat. Le respect de soi et le respect de l’autre font partie de l’enjeu. Il s’agit de ne pas se blesser. Aller plus loin dans le réalisme de l’affrontement relève moins de l’art que de la guerre ou l’autre n’est qu’un obstacle à éliminer.
Si Mars est une référence symbolique
invitant à conserver l’acuité de l’art martial dans la formation de soi, il n’y a pas lieu de sourire devant la douceur d’une philosophie qui dépasse l’affrontement par la non résistance et invite chacun à ne pas se faire l’adversaire.
En effet, il en faut au moins deux qui s’opposent pour nourrir la brutalité du combat; le Taichichuan invite à ne pas être celui qui servira d’appui à la force adverse.
La grande force se cache dans la douceur et l’aisance. Il faut être solide pour s’ouvrir à la vulnérabilité, pour accepter et accueillir l’agression sans en souffrir laissant l’attaque s’annuler dans le vide de la non résistance.
Ainsi, la vulnérabilité se cultive dans l’éducation martiale car il ne s’agit pas de se soumettre par débilité, paresse ou lâcheté mais de choisir la liberté. Ni agressif ni craintif, à l’image de l’eau qui emplit les creux, contourne les obstacles, dissout ou ravine, se vaporise avec la chaleur et durcit avec le froid le pratiquant cultive la transformation et l’adaptation.
Joindre la force et la fluidité, la légèreté et la pression, la malléabilité et le surgissement, le calme et la créativité, tel est l’esprit Taichi où le plaisir est la lanterne qui éclaire le chemin.
Jean-Luc
Publié par Jean-Luc dans Articles de référence, Réflexions personnelles
Mot(s) clé(s): art, chi, chuan, combat, Energie, gong, martial, Qi, tai
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1
février
2010
On est parti d’une réflexion sur la détente, abandon des tensions parasites pour arriver à la notion d’une tension harmonieuse, c’est à dire un détente active qui accepte l’usage d’une force bien dosée répartie sur l’ensemble du système.
Le troisième temps de cette réflexion met l’accent sur la continuité corps/esprit dans l’équilibre tension/détente. Sans corps, pas d’esprit et, sans esprit pas d’humanité .
La culture Tai Chi se réfère explicitement au cycle – intention / énergétisation / action où l’intention suscite l’énergie qui elle, porte le geste qui lui, libère la pensée. La pensée libérée, rendue disponible pour un retour sur le résultat, engendre une réflexion puis, une autre intention et ainsi de suite. Plus on fréquente cette dynamique d’achèvement du cycle qui va de l’intention à l’acte, plus l’agir devient efficace pour devenir progressivement une manière d’être et de se comporter dans l’existence. On verra ainsi se conjuguer:
- Un premier temps, très pragmatique, qui incite à clarifier l’intention, à la simplifier et la préciser. On parlera de centrage plus que de concentration. Choisis ce que tu veux, évite ce que tu ne veux pas et fais ce que tu fais!
- Un deuxième temps nous disant : écoute, sois réceptif à l’énergie. Réveille tes sens! Sentir et ressentir pour tirer davantage du presque rien quotidien. Les sons, les goûts, les couleurs, les odeurs, les textures, la chaleur, les présences,…tout est dans la nuance et rien n’est sans effet. La jouissance de soi invite à se réjouir! La pensée laisse sa trace dans le corps. Comme c’est beau, comme c’est bon, comme c’est doux!,….autant d’occasions de laisser résonner les effets d’une pensée de la jouissance heureuse.
- Un troisième temps incite à la curiosité. Apprendre pour comprendre et cultiver l’interrogation. Hors de notre portée immédiate s’organise le monde. Si le trop grand, le trop petit ou le trop complexe arrivent à nous par la techno-science, c’est surtout par l’intelligence partagée avec tous ceux dont on procède que l’on y a accès. Curiosité rime avec créativité. Découvrir les autres qui ont imaginé, inventé et composé des oeuvres inédites, inouïes et impensées. Mais découvrir aussi notre propre créativité source de création et de recréation.
Le devenir est toujours en mouvement dans le processus de vieillissement. Mais Il s’alimente du suspens dans le processus de rajeunissement. Suspendre l’agitation pour rencontrer la différence, l’inconnu, l’ailleurs ou l’autrement et découvrir le plaisir de l’autre.
Penser prépare ou inhibe. En ressentir physiquement les effets c’est accepter l’émotion et commencer à lire l’histoire de sa vie. Vaste proposition qui invite à laver ces yeux qui semblent regarder le monde alors qu’ils y projettent notre entendement et notre représentation. Il convient de reprendre l’aventure oubliée, celle de l’enfance et de notre construction mentale. On se réserve le droit d’inventaire des idées reçues, des a priori et des croyances qui bornent notre horizon. On interroge le socle culturel sur lequel s’est bâti notre perception: Qu’avons nous implicitement accepté et enregistré comme idée du monde?
Observateurs et acteurs, nous sommes pleinement embarqués dans l’aventure qui crée notre monde «à notre image». La détente réactive la capacité à suspendre le mouvement pour inventer c’est-à-dire pour revenir à soi et en soi, faire l’inventaire et imaginer d’autres issues. Exercice perpétuellement inachevé, le processus fait encore et toujours appel à la détente. L’abandon des fixations inutiles est toujours d’actualité car chaque idée engendre sa logique et l’idéologie, la logique d’une idée impose des crispations et des arrêts là où il est préférable de fluidifier.
Une philosophie du bien-vivre. Le plaisir d’être là, est en rapport avec notre ouverture d’esprit. La tension harmonieuse nourrit la sensibilité et accroît la sensualité. La jouissance est à l’honneur : Se libérer ou tout au moins s’alléger, choisir d’être heureux pour partager son plaisir avec qui le peut et qui le veut.
Cette proposition hédoniste invite au choix, non au retrait du monde, à la conscience éclairée et non à l’extinction de ses désirs.
Détente et tension harmonieuse n’invitent ni à subir par mollesse ni à dominer par stratégie mais, tout à la fois, à suivre et conduire son attelage pour aller avec plus de lucidité paisible et amoureuse.
Publié par Jean-Luc dans Réflexions personnelles
Mot(s) clé(s): chi, détente, Energie, Qi, tension
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14
juin
2008
Avant propos
Notre pratique Jisei Do nous invite à construire le corps énergétique ou corps martial, suivant le contexte, comme base de tout développement ultérieur. L’extrême- orient et la tradition chinoise, en particulier, a développé une culture sur base de l’énergie Qi ou Ki (en japonais). Cette notion lui a permis une représentation du monde, de sa genèse, de son organisation et de son fonctionnement.
Ainsi, après un vide mystérieux, indistinct et insondable, voici que point le TaiChi. Ce point, germe inaugural contient la dynamique Yin/Yang. Les souffles légers et subtils montent et vont former le Ciel, les souffles plus lourds descendent, se condensent et vont former la Terre; L’Homme occupe le Vide médian, l’intervalle entre Ciel et Terre. Il est le médiateur, participant du Ciel par la subtilité et de la Terre par sa matérialité, il accomplit le devenir du monde.
Ce langage symbolique nous parle de l’Homme par excellence et de nous , en particulier. Prendre modèle sur la régularité du CIel qui nous inspire et se conformer aux mouvements de la Terre qui nous porte pour assumer au mieux la vie de tous. Prendre en compte l’esprit, l’intelligence qui nous fait comprendre et inventer, assumer la matérialité, l’animalité et la poussée de l’instinct qui nous fait vivre pour s’adapter au mieux, accorder nos énergies au mouvement du monde.
Voici, pour suivre quelques réflexions plus particulières à l’entraînement qui jamais, pourtant, ne nous sépare de la vie au quotidien.
Il est tentant, pour justifier nos exercices énergétiques, de faire référence à la vision traditionnelle telle qu’elle se donne à connaître, par exemple, dans la médecine chinoise ou les textes dit taoïstes.
Cela pose d’emblée un malentendu que l’on pourrait dire réductioniste. Lire la suite de cette entrée »
Publié par Jean-Luc dans Réflexions personnelles
Mot(s) clé(s): colonne vertébrale, Energie, Mei mon, Ming Menn, Réflexions personnelles
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